Il en existe deux sortes principales : l’amour de désir, en grec éros, et l’amour de bienveillance, en grec agapè. Le premier est à la base de la passion, où l’on est essentiellement passif, et le second implique un engagement conscient et une volonté d’action. Dans le premier cas on aime l’amour lui-même, et non pas telle ou telle personne : on aime être amoureux. Dans le second seul il y a vraiment connaissance de l’autre, qui est progressivement approché et « apprivoisé ».
Il est évident que le grand ennemi du premier est le Temps, qui désillusionne, fait tomber les projections et détruit les fantasmes. Le second se construit peu à peu, et le Temps a moins de prise sur lui. Ordinairement, dit-on, avec la maturité on passe du premier au second.
Tout cela semble bien clair, et fait la matière du livre d’Anders Nygren sur Éros et agapè, des ouvrages aussi de Denis de Rougemont, L’Amour et l’Occident, et Les Mythes de l’amour, ainsi que de mon propre livre Savoir aimer – Entre rêve et réalité (éd. BoD, 2020).
Malheureusement ce beau schéma n’est pas toujours conforme à la réalité. En effet, on peut dans l’amour de bienveillance regretter de ne plus éprouver la passion, bref de ne plus être amoureux de la personne qu’on aime. Et cette découverte est souvent très douloureuse, autant pour qui la fait en soi, que pour le partenaire, qui se sent rejeté.
On trouvera cet état de crise décrit par un coach italien sur son site : adriano-rossi.it. L’expression italienne qu’il utilise pour décrire ce moment est très explicite : Ti voglio bene ma non ti amo più – Je t’aime (de bienveillance) mais je ne suis plus amoureux de toi.
Je ne sais pas si les conseils que donne ce coach pour récupérer la passion perdue sont vraiment efficaces. Je sais en tout cas qu’un être qu’on rejette ainsi ne peut pas se satisfaire d’une simple affection, qui peut sembler la dérisoire monnaie de l’amour. Et donc j’en veux finalement à tous ceux qui sous la forme d’un catéchisme prétendent qu’agapè invalide définitivement éros. Ainsi Rougemont affirme que l’amour humain doit résilier les rêves, et se parachever dans le cadre raisonnable du mariage chrétien.
Je ne suis pas d’accord là-dessus. Je crois qu’il faut toujours continuer à rêver sur l’être qu’on aime, une fois que le danger de le méconnaître a été écarté. C’est d’ailleurs ce que j’ai exprimé dans mon ouvrage susmentionné, en rappelant que l’homme est aussi le fils de ses propres rêves : il descend du Songe.
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Voir aussi :
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Savoir aimer - Entre rêve et réalité - Le blog de michel.theron.over-blog.fr
Je vous informe de la parution de mon nouveau livre Savoir aimer - Entre rêve et réalité. Pour en feuilleter le début, cliquer ci-dessous sur : Lire un extrait. Pour l'acheter sur le site de ...
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