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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 02:01

I

l semble ne pas avoir de limites, et ne pouvoir jamais disparaître. Ce qui me semble insolite à notre époque paraît encore normal à beaucoup.

 

Ainsi j’ai appris (28 mai 2020) que juifs, musulmans et chrétiens ont prié ensemble à Jérusalem pour que Dieu mette fin à la pandémie due au coronavirus. Et on s’est félicité de l’œcuménisme manifesté à cette occasion, soulignant que cette prière collective a été faite « pour la première fois » (Source : nouvelles-du-monde.com, 22/04/2020).

 

Pour moi, je laisserai ici l’œcuménisme de côté, pour ne m’en tenir qu’à l’attitude témoignée dans cette prière, qui relève d’un total infantilisme.

 

Voici un de ses attendus : « Dieu, toi qui nous as épargnés de la famine et qui nous as fourni l’abondance, toi qui nous as libérés de la peste et de maladies graves et durables, aide-nous ! ». Autrement dit, nous ne sommes pour rien dans ce mal qui nous frappe, et c’est à toi de nous venir en aide. Cette attitude est celle d’un enfant qui implore son père de l’épargner, car c’est à lui qu’appartient la toute-puissance, et donc la seule capacité de le faire.

 

Le texte biblique d’ailleurs autorise cette vision, totalement infériorisante, et même potentiellement anéantissante pour l’être humain : « Je fais grâce à qui je fais grâce, et j’ai pitié de qui j’ai pitié. » (Exode 33/19 ; repris dans Romains 9/15) – On en a une excellente et terrifiante actualisation dans la Lettre au Père de Kafka : on y voit comment le pouvoir absolu et capricieux d’un Père Tout-puissant peut détruire son enfant. Voir ici mon article : On ne répond pas à son père.

 

Or un minimum de réflexion et d’écoute des spécialistes montre en l’espèce que le virus a une origine non pas divine, mais simplement humaine. Il est né d’un contact trop proche des hommes avec les animaux sauvages, du fait de la déforestation qui a créé cette proximité. Et la déforestation, processus anthropique par excellence, a pour origine la cupidité des hommes.

 

On peut s’étonner d’ailleurs que l’on ne parle aujourd’hui que de diffuser un vaccin pour le coronavirus, alors qu’on s’interroge très peu sur les causes qui l’ont fait apparaître. Comme toujours, on ne pense pas loin. On cherche à pallier une conséquence sans s’interroger sur la cause. Et il est évident qu’à fonctionner ainsi on ne réfléchit pas que de telles crises (qui avaient déjà été prévues au cours des années passées par les anthropologues) se reproduiront évidemment dans l’avenir. Des zoonoses on ira naturellement aux pandémies.

 

L’homme est responsable de ce virus qu’il a suscité : Dieu n’a rien à voir là-dedans. Et si on veut à tout prix maintenir son existence, il faut le concevoir tout autrement que comme un Père Fouettard ou un Père Noël.

 

 

> Article paru dans Golias Hebdo, le 28 mai 2020

 

 

D.R.

***

 

Ce texte est extrait du livre suivant, dont on peut feuilleter le début (Lire un extrait), et qu'on peut acheter sur le site de l'éditeur (Vers la librairie BoD) :

 

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

***

 

> Pour voir tous mes livres édités chez BoD, cliquer : ici.

 

 

***

 

Enfin n'hésitez pas à visiter mon blog artistique, pour voir des photos, des vidéos, des textes littéraires et poétiques :

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2 novembre 2021 2 02 /11 /novembre /2021 02:01

> En ce jour de Fête des Morts, voici un ancien article qui prend son actualité :

 

C’

est le fait de rendre à la terre ce corps qui en provient. N’oublions pas que les mots homme et humus ont la même racine latine. Comme aussi humble, et humilité.

 

En hébreu aussi le nom d’Adam, notre ancêtre, signifie : « tiré du sol ». Chouraqui le traduit d’ailleurs par « Le Glébeux » ! Ramassons donc seulement une motte de terre, et nous pouvons méditer sur notre vrai destin. Mourir, c’est seulement revenir d’où nous sommes sortis, et ranimer la nature sous une autre forme. Le plus petit bourgeon printanier suffit à montrer qu’à une autre échelle que celle de notre petite existence la mort n’existe pas.

 

Elle prend, désassemble, et redonne en réassemblant, comme le souligne Schopenhauer dans sa Métaphysique de la mort. Tout n’est que grand cycle. La fleur vient du fumier, et le fumier vient de la fleur. Comme le dit Valéry dans « Le Cimetière marin » : « Le don de vivre a passé dans les fleurs. »

 

... Là est la sagesse. Mais beaucoup ne l’ont pas. Je pense à ce fait-divers rapporté par la presse (AFP, 04/04/2014) : un tribunal de Blois a ordonné l’exhumation et la séparation des corps d’un couple de divorcés. Il a fait droit à la requête de la nouvelle femme du défunt, qui n’a pas supporté que son mari ait été inhumé, à l’instigation de sa belle-fille, à côté de son ancienne femme. Le Tribunal en l’espèce à parlé de « droits à la sépulture », qui devaient revenir à la seconde femme, la première après le divorce étant devenue « un tiers ».

 

Outre le côté « clochemerlesque » de ce jugement (délai de 2 mois pour le « déménagement » du corps, sous peine d’astreinte de 50 euros par jour de retard, payables par la belle-fille), je reste rêveur devant l’acharnement de la plaignante. Jusqu’où peuvent bien aller des haines, que la mort même ne peut apaiser !

 

Il suffit de voir ce qui reste de nous une fois notre corps rendu à la nature. Quiconque a pratiqué ce qu’on appelle une « réduction de tombe » voit bien que nous allons à la poussière. Les plus belles et poétiques épitaphes n’y font rien : ce ne sont que quelques vers sur beaucoup d’autres. Et si haut qu’on soit monté, on finit toujours par des cendres.

 

Je donnerais volontiers ce conseil à la bénéficiaire du jugement : le vrai tombeau des morts c’est le cœur des vivants. La mémoire qu’on en garde est l’essentiel, et nous mourons vraiment non quand nous descendons dans la tombe mais quand plus personne ne se souvient de nous. Laissons là où il est  le cadavre, ce je ne sais quoi qui n’a de nom dans aucune langue, selon le mot de Tertullien rapporté par Bossuet.

 

Car cette dame, même « victorieuse », est intérieurement empoisonnée par son animosité. Elle ne vit pas. Elle devrait bien prendre leçon de la parole connue : « Laissez les morts enterrer les morts. » (Matthieu 8/22 ; Luc 9/60) [v. Éternité]

 

8 mai 2014

 

D.R.

 

 

***

 

Ce texte est extrait du livre suivant, dont on peut feuilleter le début (Lire un extrait), et qu'on peut acheter sur le site de l'éditeur (Vers la librairie BoD) :

 

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
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31 octobre 2021 7 31 /10 /octobre /2021 02:01

U

ne jeune Anglaise, Jane Park, gagnante en 2013, à 17 ans, d’une somme de 1,3 millions d’euros, vient de porter plainte 4 ans plus tard contre la loterie britannique pour ne pas avoir été suffisamment accompagnée dans l’usage qu’elle a fait de cette somme (Source : Franceinfo, 19/02/2017).

 

Elle écume maintenant les plateaux de télévision pour dire que son quotidien est devenu un enfer depuis qu’elle a touché ce gain. Elle a dépensé sans compter : chaussures, sacs, voitures (alors qu’elle n’a pas le permis de conduire), et même chirurgie esthétique ! Aujourd’hui quasi ruinée, elle est retournée vivre chez sa mère dans la banlieue d’Édimbourg en Écosse. Elle poursuit donc la loterie en justice pour négligence et défaut d’avertissement et d’assistance. Le paradoxe de son action c’est qu’elle pourrait bien lui rapporter des dommages et intérêts, donc à nouveau de l’argent...

 

J’ai déjà soulevé dans le n°216 de Golias Hebdo (semaine du 22 au 28 décembre 2011) le cas de ce joueur de poker, qui se définissant lui-même comme accro à cette activité, a attaqué en justice notre gouvernement, en lui demandant un dédommagement de 100.000 euros, au motif qu’on ne lui a pas interdit l’accès aux salles et aux sites en ligne où se pratique ce jeu.

 

Le cas de notre jeune Anglaise s’en rapproche beaucoup. Dans le fond, on se plaint toujours de n’avoir pas été traité comme un enfant à qui devaient être notifiées en chaque situation mises en garde et précautions à prendre.

 

Ce qui est préoccupant, par-delà le côté cocasse de la chose, c’est la vision de l’homme, très répandue aujourd’hui, qui y est impliquée : celle d’un être mou et influençable, incapable de juger par lui-même de ce qui est bon pour lui, c’est-à-dire immature et faible, modelé par le déterminisme des circonstances. D’où sa propension à se poser en victime de ce qui lui arrive, et non en adulte responsable. Cette vision, développée par exemple dans La Tentation de l’innocence de Pascal Bruckner (1995), maintient l’homme dans une éternelle enfance, et fait bon marché de ce qui me semble essentiel en lui, et constitutif de son humanité même : sa liberté.

 

[v. Infantilisation : lien]

 

2 mars 2017

 

D.R.

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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