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Église vient de rappeler à ses évêques les règles en vigueur pour le choix du pain et du vin pendant la messe. Elle ne veut pas d’hostie sans gluten, mais y admet l’introduction des OGM (Source : LePoint.fr, 08/07/2017)
Autrement dit, les personnes souffrant de maladie cœliaque, allergiques au gluten, et les écologistes hostiles aux OGM ne pourront communier. Cela fait beaucoup d’ostracismes !
Pour les catholiques, le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang du Christ pendant l’eucharistie, mais pour que s’opère cette transsubstantiation le pain doit être azyme (sans levain) et de pur froment, et le vin provenir de pur raisin, non aigri (transformé en vinaigre). Si ces deux conditions ne sont pas remplies, le sacrement ne s’accomplit pas (non conficitur sacramentum).
Je renvoie ici aux Instructions pour dire la Messe (Ordo Missae, Imprimerie du Vatican, 1965, en latin : pp.59-62). La matière est plus essentielle que la personnalité même de l’officiant : si celui-ci est en état de péché mortel, si aussi il prononce les paroles liturgiques pour s’en amuser (delusorie), pourvu que ces dernières et le rite soient bien observés, valable est le sacrement (ibid., p.63) !
Par exemple les Donatistes du 4e siècle, qui pensaient qu’un sacrement était invalidé par l’indignité de celui qui l’administre, ont été attaqués par saint Augustin et décrétés hérétiques.
Que ne connaît-on l’histoire, pour relativiser tout cela ! Déjà l’opposition entre les partisans du pain sans levain (azymites), et ceux du pain levé (fermentaires) a été une des causes au 11e siècle de la séparation des églises chrétiennes d’Occident et d’Orient.
Ensuite sur la signification de la présence réelle du corps du Christ sur l’autel on a hésité pendant tout le premier millénaire. On disait prudemment que cette présence se faisait d’une certaine manière (super quemdam modum), sans plus. Ses conditions matérielles n’ont été fixées par Rome qu’à partir du Concile de Trente, contre les protestants réformés qui voyaient dans la dernière Cène un sens non littéral, mais symbolique.
Et on connaît la fameuse Querelle des rites, des 17e et 18e siècles, où Rome a refusé que les missionnaires puissent utiliser pour la messe d’autres matières que le pain et le vin, inconnus des populations évangélisées.
Pourquoi s’obstiner ainsi sur une vision si matérialiste et réductrice d’un usage ? Perseverare diabolicum ! - v. : Eucharistie.
Article paru dans Golias Hebdo, 24 août 2017
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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.
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