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26 février 2022 6 26 /02 /février /2022 02:01

Pour certaines personnalités elle équivaut au droit : c’est le cas de Vladimir Poutine dans son invasion de l’Ukraine. Avec elles, il semble inutile de parlementer, puisqu’elles ne connaissent comme argument que le fait accompli, le jugement des armes.

 

On connaît la réponse que fit Staline à Pierre Laval, qui lui demandait quel cas il devait faire du pape : « Le Vatican, combien de divisions ? »

 

La Fontaine l’a déjà mis en proverbe dans Le Loup et l’Agneau : « La raison du plus fort est toujours la meilleure. » Un autre proverbe, repris par Molière, met aussi en évidence les alibis habituels derrière lesquels on s’abrite pour détruire l’autre : « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. » Quand le président russe parle de la nécessité de « dénazifier » l’Ukraine, qu’il voit comme « génocidaire », c’est de cette façon qu’il agit.

 

Sans doute l’Occident s’est-il trompé en voulant ignorer le programme de Vladimir Poutine. Il avait pourtant été déjà explicitement dit et écrit depuis longtemps, comme l’avait été celui d’Hitler, bien avant la dernière guerre mondiale. Cet aveuglement constitue une grave faute. Comme dit encore chez La Fontaine le Paysan du Danube : « Rome est par nos forfaits, plus que par ses exploits / L’instrument de notre supplice. » Pensons aussi à ce que dit La Boétie des tyrans : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » C’est de notre aveuglement qu’ils tirent leur puissance.

 

L’Histoire se répète, et la lâcheté de Munich se profile encore. Certains doutent de l’efficacité des mesures occidentales prises en riposte, et préfèrent penser au confort des citoyens (combien va coûter le litre d’essence ?), plutôt qu’au calvaire des pauvres Ukrainiens. On oublie que la résistance à l’oppression a toujours un coût, qu’il faut payer. Comme dit l'adage anglo-saxon : Freedom is not free - La Liberté n'est pas gratuite.

 

Il y a certes dans notre humanisme judéo-chrétien de beaux idéaux, qui font rêver. Ainsi le « tendre l’autre joue ». Mais cette attitude, si belle soit-elle, est bien souvent inefficiente dans la pratique. « Tous les hommes deviennent frères » que l’on entend à la fin de la Neuvième symphonie de Beethoven est aussi bien sûr un beau rêve. Mais finalement, avec certaines personnalités il ne sert à rien d’être angélique. Cette sage précaution est attestée dans l’adage connu : Si vis pacem para bellum – Si tu veux la paix prépare la guerre. En gros, parler doucement, mais avec un gros bâton.

 

D.R.

***

 

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24 février 2022 4 24 /02 /février /2022 02:00

L

e service funéraire du Paradise Funeral Chapel de Saginaw (Michigan, USA) a trouvé la solution pour épargner aux vivants les files d’attente d’hommage aux défunts : un drive-in permettant de se recueillir devant le cercueil, dans le funérarium, sans quitter sa voiture.

 

Selon M le Magazine du Monde (27/9/2014), le visiteur avance au volant de son véhicule. Dès que les capteurs repèrent sa présence, les rideaux s’ouvrent sur le cercueil, puis se referment au bout de trois minutes. On ne dit pas s’il y a eu, dans cette pratique, un accident mortel de véhicule à déplorer !

 

On sait qu’aujourd’hui le temps est de l’argent, time is money. Il faut donc en perdre le moins possible, même lorsqu’on s’acquitte d’une démarche qui devrait être la plus posée et révérencieuse possible, comme la méditation sur la disparition d’un être cher. Trois minutes, pas une de plus, voilà l’espace de temps alloué à cette pratique dans ce pays au demeurant à la pointe de la modernité. Qu’il est beau ce monde, le meilleur des mondes !

 

L’idée que le temps doit se mesurer au plus près possible est un signe certain de déculturation, de barbarie même. Voyez la mode actuelle du fast : fast food, fast fashion, etc. Le temps au contraire doit être maturation lente, et de cette lenteur naît l’enrichissement.

 

Les poètes l’ont dit, Baudelaire avec sa « féconde paresse », et aussi Valéry, dans « Palme » :

 

« Patience, patience,

Patience dans l’azur !

Chaque atome de silence

Est la chance d’un fruit mûr. »

 

Expédier une visite aux défunts en trois minutes est s’acquitter machinalement d’un usage qu’on se croit imposé, mais qui n’apporte rien. C’est un pur formalisme. Le rite, ou le signe seul subsiste, sans plus aucune signification, et les actes ne sont plus chargés du poids de sens qu’ils doivent avoir pour nous instituer en humanité.

 

Toute méditation sur la mort non seulement nous rappelle celle du défunt, mais nous en dit la nécessité pour nous-mêmes. Elle est un memento mori (souviens-toi que tu dois mourir), à partir de quoi chaque instant de la vie prend importance, puisque se découpant sur le fond sombre de notre disparition future. Tel est le lot normal de l’homme, la conscience de sa fragilité, qui fait sa propre grandeur.

 

Mais celui qui reprend le volant après s’être « recueilli » trois minutes ne peut faire cet approfondissement. Éternel enfant, il court sans souci dans le précipice, selon le mot de Pascal, après avoir mis un bandeau sur ses yeux pour ne pas le voir.

 

Article paru dans Golias Hebdo, 30 octobre 2014

 

D.R.

 

***

 

Cet article est extrait du livre suivant :

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
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DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

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22 février 2022 2 22 /02 /février /2022 02:00

E

lle est le fait de Facebook, et ce jusqu’à la caricature. Ainsi le tableau de Delacroix La Liberté guidant le peuple a été censuré par le célèbre réseau social, parce que montrant le buste dénudé de Marianne.

 

Celui qui l’avait posté s’est entendu répondre par le modérateur : « Nous n’autorisons pas les publicités avec de la nudité, même si cela n’est pas d’ordre sexuel. Cela inclut la nudité à des fins artistiques ou éducatives. Les publicités de ce type sont de nature sensible et ne sont donc pas autorisées. » (Source : LeFigaro.fr, 17/03/2017)

 

Ainsi le moindre bout de sein féminin qui sera visible tombe systématiquement sous les foudres du censeur. On pense à Tartuffe : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir ! » Le gouvernement français n’avait pourtant pas vu d’offense à la pudeur dans le célèbre tableau, puisqu’il figurait sur un billet de banque à l’époque du franc, comme symbole de la République.

 

À côté de cela, Facebook ne censure pas les propos haineux qui inondent son réseau, et qui sont parfois de vrais appels au meurtre. La violence lui fait moins peur que le sexe.

 

Il ne prend pas non plus des précautions suffisantes pour préserver l’intimité des internautes, et pour éviter qu’elle soit captée et utilisée à des fins commerciales ou même politiques, comme il vient de se voir dans une affaire impliquant une Agence de communication ayant favorisé par ce biais l’élection de Donald Trump. À l’évidence, notre réseau pratique allégrement le « Deux poids, deux mesures ».

 

De toute façon, si le ridicule tuait, il ne réchapperait pas de sa pudibonderie. Non content d’avoir censuré L’Origine du Monde de Courbet et les Nus de Modigliani, il a refusé que paraisse sur la Toile la reproduction d’une Vénus préhistorique, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’est pas sexy ! Simplement elle était nue, et ce fut rédhibitoire.

 

Le comble est qu’il a maintenant accepté une version de Marianne avec un bandeau cachant sa gorge et portant le logo Facebook. L’internaute qui l’a postée en représailles dit que c’est à pleurer de rire, et il a bien raison !

 

[v. Beauté]

 

29 mars 2018

 

D.R.
D.R.

***

 

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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