Je vous informe de la parution de mon dernier livreL'Art du peu - Haïkus. Il est disponible en deux formats, livre papier et livre électronique (e-book) : voir ci-dessous.
Ce livre comprend d'abord une réflexion théorique sur les divers choix possibles de l'écriture poétique, suivie pour l'illustrer d'une anthologie de haïkus, petits poèmes accompagnées de photographies en noir et blanc. Le haïku en effet est une voie expressive particulière qui se voit mieux quand on la compare à d'autres, comme le fait cet ouvrage.
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Ce livre est aussi disponible sur commande en librairie, ainsi que sur les sites de vente en ligne (ISBN : 9782322252121).
Voici un extrait de mon livre Les Mystères du Credo, consacré à la divinisation de Jésus, telle qu'elle apparaît dans le dogme nicéen de l'homoousie (la consubstantialité) entre le Père et le Fils. Notez que cette notion n'apparaît pas dans le Symbole des Apôtres :
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« On pourrait même dire que l’affrontement avec la « puissance paternelle », dans la mesure où celle-ci cautionne très souvent l’emprise sur l’homme de tous les pouvoirs institutionnels en place, où elle sert naturellement d’alibi à toutes les oppressions, est le centre de la lutte même, l’essentiel de l’aventure. Le Christ apparaît comme un héros qui combat cette puissance, qui veut « désaliéner » l’homme et l’arracher à sa sujétion.
Le rapport de Jésus avec les zélotes de son temps, qui étaient des révolutionnaires insurgés contre le pouvoir en place, a été souligné. D’un point de vue politique et social, ce Jésus-là serait un révolté et un agitateur. D’un point de vue psychologique, un rebelle au pouvoir du Père. Bien des traces de cet héroïsme « prométhéen », de cette « humanité humaniste », qui seront reprises par le Romantisme du xixe siècle (voir le Christ « jeune athlète » dans « Les Destinées » de Vigny, ou encore le « Christ socialiste » de Pierre Leroux) sont visibles en Apôtres. C’est sûrement pour cette raison qu’Apôtres ne parle pas d’une quelconque « consubstantialité »(ou homoousie).
Mais cette dernière a fait de Jésus un Dieu. Il est devenu une puissance transcendante, analogue sans doute à cela même contre quoi il avait lutté. Celui qui avait porté tous les espoirs humains, le voilà qui maintenant fait défection, trahit en quelque sorte sa mission. C’est un peu comme si un militant ouvrier passait du côté des patrons. Serait-il encore lui-même ? On sait très bien ce que sont certains reniements : le difficile n’est pas de monter, mais en montant de rester soi-même. On sait très bien aussi que le meilleur moyen de se débarrasser d’un gêneur, de le neutraliser, est de lui donner une promotion. Comme il y a des « promotions-canapé », il y a des « promotions-placard ». Des éloignements par des cadeaux. Des enterrements sous les honneurs.
L’expression latine le dit bien : Promoveatur ut amoveatur ! (Qu’il soit promu, pourvu qu’on s’en débarrasse !) On peut penser aussi au mot de Caracalla à l’adresse de ceux qui voulaient diviniser son frère Geta, qu’il avait fait assassiner : Sit divus, dum non sit vivus ! (Qu’il soit un dieu, pourvu qu’il ne soit plus vivant !).
Tels peuvent être les enjeux de l’homoousie : on a pu vouloir désamorcer le message du fils en l’intégrant au rang du Père. On a ainsi rétabli et absolutisé la transcendance verticale. La raison ? Maintenir les gens, le troupeau des fidèles, dans la dépendance, la soumission, la peur aussi bien sûr. La transcendance verticale « maximalisée », en effet, sert toujours les églises et les pouvoirs. Ces derniers n’ont qu’un but, depuis toujours : maintenir l’ordre établi, empêcher qu’il soit remis en question, conforter ses assises, les conditions de son fonctionnement.
D’un point de vue non plus social et politique, mais psychologique, l’homoousie ou la consubstantialité affirmée du Fils peut signifier chez l’homme une régression infantile, la soumission absolue au Père et à ses conditions, que le Fils, autrefois rebelle ou révolté, mais désormais sacralisé, est chargé de « relayer ». Le Père dicte d’abord la Loi, et ensuite le Fils perçoit le tribut, relève les loyers... Psychologies personnelle et collective sont liées. Cette soumission, on peut l’élargir évidemment à l’ensemble du peuple fidèle chrétien, et elle caractériserait tout le Moyen-Âge jusqu’à la « (re)prise d’indépendance » de la Réforme (et encore...).
(...)
Que devient le fidèle, une fois perdu le modèle du Fils « redressant la tête », et une fois affirmée l’homoousie ? La tête désormais, il n’a plus qu’à la baisser. Pris entre la double figure d’un Père qui juge et condamne, mais qui aussi dans sa grande bonté ou miséricorde peut, à son gré, nous pardonner, quelle dignité personnelle avons-nous ? Sommes-nous plus qu’un petit enfant soumis, sans cesse craignant et priant ? Poupée de chiffon entre les mains d’un Dieu qui ou bien nous broie, ou bien nous sauve à sa totale fantaisie via son Fils consubstantiel, nous ne sommes dans ce scénario qu’un être incomplet, ou diminué, un minus habens, un « prématuré », un « avorton » qui n’est rien sans la grâce (Paul, 1 Corinthiens 15/8).
D’un point de vue politique et social, avec l’homoousie, L’Église cessait d’être une force révolutionnaire pour épauler le pouvoir en place. Elle venait de devenir religion officielle de l’État (313 : conversion de l’empereur Constantin). Et c’est Constantin, et non une autorité ecclésiastique qui a convoqué et dirigé, lui imposant une obligation de résultat, le concile de Nicée, où ce dogme a été affirmé (325). On peut bien comprendre pourquoi... Au peuple fidèle, l’homoousie a été un cadeau empoisonné : fier de la « promotion » du Christ identifié à Dieu, il pouvait aussi, s’il réfléchissait, en être déçu, car il n’avait plus d’aide en esprit pour le soutenir, redresser la tête. Il n’était plus invité qu’à la baisser humblement, à se soumettre. Une unanimité fut ainsi créée dans la sujétion, la théologie suivant l’intérêt impérial.» (pp.140-143)
J'ai récemment relu les paroles du Credo, aussi bien dans sa version du Symbole des Apôtres, que dans celle de Nicée-Constantinople, et j'ai été frappé du fait que n'y figure en aucune façon...
En ce jour de Noël je vous propose une chanson un peu mélancolique faite à partir de mon poème Fêtes (à lire ci-dessous), illustré d'une photo. Merci à Sandy Blanco pour sa réalisation. Cliquer sur :
Voici le texte du poème, et la photo qui l'accompagne, appartenant tous deux au tome 1 de mon livre Éternels instants :
Fêtes
Vixi et quem dederat cursum fortuna peregi... Virgile
Les souvenirs de mon enfance
En quelque lieu se sont perdus
Et maintenant quand j’y repense
Tous ces moments n’existent plus
D’autres que moi s’éblouiront
De ce qu’autrefois j’ai connu
Il n’y a pas d’autre leçon
Que la rançon d’avoir vécu
Il y aura toujours des fêtes
Il faut se garder de l’envie
Nul triomphe n’y a ni défaite
Simplement le cours de la vie...
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Pour avoir plus de renseignements sur ces ouvrages, en feuilleter le début ou les acheter sur le site de l'éditeur, cliquer sur les images ci-dessous :
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Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).