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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 02:01

L

a dernière édition du salon L’Aiguille en fête, qui a eu lieu du 11 au 14 février dernier à la Grande Halle de la Villette, a organisé un événement présenté comme une première en France : un défilé de mode de tricot pour chiens. Par ailleurs, on nous dit que le marché des accessoires pour chiens est en pleine expansion.

 

L’expression « une vie de chien » doit donc main­­tenant être prise, par rapport à son sens habituel, comme une antiphrase. Qu’ils sont heureux, ces chiens de chez nous, pour avoir droit à parader et concourir ainsi vêtus, avec ces ornements que toutes les tricoteuses ont mis leur point d’hon­neur à faire pour eux : rien de si beau qu’ils ne méritent ! – Je dis bien : les chiens de chez nous, car ailleurs, en Chine par exemple, on les mange. Bien leur prend d’être nés ici, et non pas là…

 

À côté de cela, il y a les soupes populaires, la misère des mal-logés, ou des non-logés du tout. Que ne tricote-t-on pour eux aussi, pour qu’ils aient moins froid ! Il est vrai que sales et repoussants bien souvent, ils ne sont pas aussi attirants que tel caniche à qui sa mémère paie des soins de beauté, dans un salon à lui dédié.

 

Il y a évidemment obscénité à laisser les uns crever de faim, et à chouchouter les animaux. Les premiers fouillent les poubelles pour se nourrir, et pour les autres on se met en quatre. Telle publicité vante sans vergogne « le plaisir des chats difficiles » !

 

C’est Jean Genet qui opposait la brutalité à la violence. À la brutalité agressive de telle vitrine, animalière ou autre, comment ne pas comprendre que puisse répondre la violence des laissés pour compte ? Mais une fois cassée la devanture provocante, la police sera bien là pour emporter le malheureux.

 

– Ils sont bien mignons, pourtant, tous ces chiens. Vous n’avez pas de cœur, cher Monsieur !

 

– Mais, Madame, ne confondez pas sentiment, et sentimentalisme, l’émotion et ses signes. Le vrai homme sensible est chaviré au fond de son cœur, mais sa révolte est si grande qu’il ne peut plus pleurer. Vous au contraire, comme beaucoup des vôtres, avez volontiers les yeux humides, mais au fond votre cœur est sec.[1]

 

> Article paru dans Golias Hebdo, 25 février 2010

 

[1] Sur cette question, on peut voir mon ouvrage Le Kitsch – Une énigme esthétique, BoD, 2020.

 

D.R.

 

***

Cet article est extrait du livre suivant :

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

***

 

> Pour voir tous mes livres édités chez BoD, cliquer : ici.

 

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21 décembre 2021 2 21 /12 /décembre /2021 12:16

Voici, mise sur mon blog artistique, la suite d'une série de méditations photographiques :

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20 décembre 2021 1 20 /12 /décembre /2021 02:01

U

n mari a-t-il celle d’avoir des relations sexuelles régulières avec sa femme ? Apparemment oui, puisque c’est ce qui ressort d’un arrêt prononcé par la cour d’appel d’Aix-en-Provence, révélé le 29 novembre dernier.

 

Un homme a été condamné à verser 10.000 euros à sa femme pour avoir manqué à ses devoirs conjugaux pendant plusieurs années. La cour s’est appuyée sur l’article 1382 du code civil, qui prévoit que toute personne « qui cause à autrui un dommage » doit réparer ce préjudice. Comme s’il y avait là, de la part de la « victime », une sorte de tromperie sur la marchandise, dont il faudrait obtenir réparation financière.

 

Je vois là un signe manifeste de la judiciarisation croissante des affaires privées, l’intrusion très fâcheuse d’une instance tierce dans ce qui devrait ne relever que de la vie intime. Les problèmes qui découlent de ce jugement, s’il devait faire jurisprudence, sont sans nombre. Comment établira-t-on la culpabilité de l’incriminé, en l’absence de témoins ? Faut-il mettre une boîte noire ou une caméra cachée dans toute chambre conjugale ?

 

J’entends bien que la pire offense qu’on puisse faire à une femme est de ne pas la désirer. Mais aussi combien de fois une épouse se refuse-t-elle à son mari, en prétextant migraine ou autre ! Et celui-ci peut avoir diverses raisons pour renoncer à son « devoir », la fatigue par exemple du travail qu’il consent parfois pour donner simplement des revenus à sa femme. Le problème du « Qui a commencé ? » est donc a priori insoluble, autant que les motifs véritables du plaignant. La justice ne peut entrer dans des contextes particuliers dont le nombre est infini, et en regard  desquels il est absurde de poser abstraitement un principe général.

 

Enfin qui ne voit que le « devoir conjugal » s’oppose absolument au « viol conjugal », qui depuis 1992 est légalement condamnable entre conjoints ? Qui empêcherait le violeur de sa femme de s’autoriser de son « devoir », pour s’exo­nérer de sa culpabilité, et transformer les derniers outrages en suprêmes honneurs ? Le devoir conjugal retournerait ainsi au droit de cuissage.

 

En vérité, il a été instauré, comme le mariage dans son ensemble, pour favoriser et valoriser la reproduction de l’espèce, sans quoi aucune société ne peut vivre : il y a là une transcendance collective, qui fait bon marché des aspirations individuelles, et par quoi certains, du fait d’une justice aveugle, peuvent être impitoyablement broyés.

 

[v. Copulation]

 

> Article paru dans Golias Hebdo, 15 décembre 2011

 

D.R.

***

Cet article est extrait du livre suivant :

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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