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27 octobre 2021 3 27 /10 /octobre /2021 01:01

> Cet article de 2013 est encore actuel, certains ayant fait ou voulant faire la même demande après les scandales sexuels qui ont affecté l'église catholique.

 

 

C

omprenons par ce mot, attesté dans Le Robert, non qu’on veuille changer son nom de baptême, mais qu’on demande qu’il ne soit plus fait mention de son baptême dans les registres de l’Église.

 

C’est ce qu’un requérant a demandé au diocèse de Coutances dans la Manche. Il a obtenu en 2001 que soit inscrite dans le registre la mention : « A renié son baptême ». Mais depuis 2009 il demande de ne plus y apparaître du tout.

 

Le tribunal a donc demandé au diocèse le 30 octobre 2011 d’effacer toute mention de ce baptême, avec le motif suivant : « L’existence de ce baptême sur un registre accessible à des personnes tierces à l’individu concerné constitue en soi une divulgation de ce fait, qui porte par conséquent atteinte à la vie privée. »

 

Mais le diocèse refuse d’effectuer cette suppression, et vient de faire appel (source : AFP, 28/05/2013).

 

Cette réaction de l’Église ne me surprend pas. En effet le baptême est un sacrement indélébile, et en supprimer définitivement la mention reviendrait pour elle à admettre l’apostasie.

 

Mais aussi, cette position ne peut se réclamer de l’Évangile. On lit en effet en Marc 16/16 : « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. » Autrement dit, le baptême doit suivre la croyance qui est plus importante que lui, et simplement la signifie, la manifeste. Tout seul, le baptême n’assure pas le salut. Et si la croyance vient à disparaître, ce qui est évidemment le cas pour notre demandeur, le baptême n’a plus de raison d’être. Pour qu’il soit délivré, il faut qu’il y ait une volonté expresse de l’impétrant.

 

C’est pourquoi certaines confessions chrétiennes refusent le baptême des enfants (pédobaptisme), car les enfants ne sont pas capables d’exprimer leur foi : infans en latin signifie littéralement « qui ne parle pas ». D’autres prônent le « rebaptisage » à l’âge adulte (anabaptisme). Ces positions, qui soulignent bien l’importance capitale de la croyance ou de la foi dans l’admi­nistration du baptême, sont plus évangéliques que celle de l’Église officielle.

 

La vérité est que pour elle le baptême est un sacrement pouvant opérer comme un processus magique, en lui-même efficace ou performatif, indépendamment des intentions de celui qui le reçoit. Depuis l’invention augustinienne du péché originel, qui n’a rien d’évangélique, il est nécessaire de l’administrer à quiconque naît, pour le laver de cette tache.

 

Mais derrière ces belles considérations, la raison est moins noble : le baptême dépend du bon vouloir de celui qui l’administre, qui peut s’il le veut le refuser. Tous les chantages ici sont possibles. Comme en bien des domaines, le motif secret de la chose est la sauvegarde d’un pouvoir.

 

[v. Évangélisation]

 

13 juin 2013

 

 

> Cet article est tiré du tome 1 de mes Chroniques religieuses :

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25 octobre 2021 1 25 /10 /octobre /2021 01:01

D

imanche 30 octobre, vers 3 heures du matin, les policiers de Toulouse ont été alertés par des passants de la présence en ville d’un homme habillé en noir et kaki et pointant un fusil d’assaut.

 

Selon ces témoins, il aurait également crié « Allahou akbar ! ». L’individu une fois interpellé, il s’est avéré que sa tenue était un déguisement d’Halloween, et que l’arme était factice. Ce jeune homme, âgé de 26 ans, a assuré qu’il « ne comprenait pas ce qu’on lui reprochait ». Et il a expliqué aux policiers : « À Halloween, on a le droit de tout faire. » (Source : LeParisien.fr, 01/11/2016).

 

Manifestement il ne s’est pas effrayé d’ef­frayer les autres, et il ne s’est même pas demandé s’il risquait lui-même sa vie, en pouvant attirer par la menace qu’il représentait une riposte des forces de l’ordre.

 

Je reste sidéré devant tant d’inconscience. Cela m’a fait penser au film de Bertrand Tavernier, L’Appât (1995), où une jeune femme sert d’« appât » en boîtes de nuit, faisant semblant d’être séduite et permettant ainsi à ses acolytes de s’introduire chez sa proie pour la dépouiller. Ce film, inspiré d’un fait réel, s’achève par une scène de torture et de folie sanguinaire. Et c’est la réflexion de l’héroïne à la fin qui ressemble à celle du jeune homme du fait-divers toulousain. Aux policiers qui l’ont arrêtée, elle demande naïvement « si elle sera sortie pour Noël » !

 

Naïveté et inconscience semblent aujourd’hui ne pas avoir de limites dans certains esprits. La séparation n’y est pas faite entre le jeu et le sérieux. Mais aussi c’est un trait de notre époque, caractérisée par un éthos de l’amusement généralisé, que Baudrillard appelait la fun morality.

 

Je pense encore à ce rire léger et convivial, répandu un peu partout, sur fond de nihilisme, que Lipovetsky naguère a analysé dans L’Ère du vide. Et c’est bien sur un vide, prenant comme ici des profondeurs abyssales, que s’édifie notre modernité. Notre jeune écervelé nous en renvoie bien l’image, véritablement celle d’un monde light : 0% de matière grise !

 

[v. Amoralité]

 

17 novembre 2016

 

D.R.

***

 

Ce texte est extrait du livre suivant, dont on peut feuilleter le début (Lire un extrait), et qu'on peut acheter sur le site de l'éditeur (Vers la librairie BoD) :

 

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

***

 

> Pour voir tous mes livres édités chez BoD, cliquer : ici.

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23 octobre 2021 6 23 /10 /octobre /2021 11:57

U

n concours de beauté intitulé Miss Holocauste, faisant s’affronter des femmes ayant survécu à la Shoah, vient d’être organisé en Israël (source : Site Internet du journal Elle, 29 juin 2012).

 

Le responsable de cet événement le considère comme une « célébration de la vie », et une Polonaise de 74 ans, une des 300 candidates, a déclaré : « J’ai le privilège de montrer au monde que Hitler a voulu nous exterminer et que nous sommes vivants. Nous profitons de la vie. »

 

Certes, grand bien lui fasse ! Mais quid de toutes les personnes mortes dans ce massacre ? Le sacre d’une survivante ne leur est-il pas une insulte ? Faut-il se féliciter d’avoir survécu à une catastrophe ? Ne faut-il pas au contraire penser avec émotion et silence aux victimes, et respecter la douleur de leurs proches ? N’est-ce pas tuer une seconde fois ceux qui sont morts que de s’affirmer quant à soi bien vivants et heureux de l’être ?

 

On sait que certains survivants à l’holocauste juif n’ont pas supporté d’en avoir réchappé, au point que certains se sont définitivement murés dans le silence, ou bien se sont suicidés, comme Primo Levi.

 

Et c’est psychologiquement compréhensible. En général, selon ce que dit La Bruyère : « Il y a une espèce de honte à être heureux à la vue de certaines misères ». À quoi fait écho la parole de La Sauvage d’Anouilh : « Il y aura toujours un petit chien crevé quelque part qui m’empêchera d’être heureuse. » Il arrive que le bonheur soit une insulte au malheur, qu’il ne respecte pas.

 

L’impudeur du procédé susdit est générale. On fait aujourd’hui concours de tout, et au prix d’un énorme contraste on oublie la substance réelle des choses pour ne retenir que la forme, qui vaut alors pour elle-même et est seule prise en considération.

 

Cela me fait penser à ces « Funérailles à prix coûtant » qui formaient naguère le slogan d’une grande surface. Ou encore à ce « Lancer de nains » pratiqué il y a quelque temps aussi dans certains night-clubs. Avec une parfaite équanimité du regard, on nivelle tous les contenus, que l’on traite avec total cynisme, totale obscénité, totale indécence.

 

De toute façon, sacrer une Miss Holocauste et lui donner de beaux vêtements ne donneront pas forcément plus de sens à sa vie. Restera une macabre et inadmissible mise en scène, où amnésie, formalisme et esprit fun, tous caractères de la modernité, s’unissent pour faire oublier le réel.

 

12 juillet 2012

D.R.

***

 

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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