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20 décembre 2021 1 20 /12 /décembre /2021 02:01

U

n mari a-t-il celle d’avoir des relations sexuelles régulières avec sa femme ? Apparemment oui, puisque c’est ce qui ressort d’un arrêt prononcé par la cour d’appel d’Aix-en-Provence, révélé le 29 novembre dernier.

 

Un homme a été condamné à verser 10.000 euros à sa femme pour avoir manqué à ses devoirs conjugaux pendant plusieurs années. La cour s’est appuyée sur l’article 1382 du code civil, qui prévoit que toute personne « qui cause à autrui un dommage » doit réparer ce préjudice. Comme s’il y avait là, de la part de la « victime », une sorte de tromperie sur la marchandise, dont il faudrait obtenir réparation financière.

 

Je vois là un signe manifeste de la judiciarisation croissante des affaires privées, l’intrusion très fâcheuse d’une instance tierce dans ce qui devrait ne relever que de la vie intime. Les problèmes qui découlent de ce jugement, s’il devait faire jurisprudence, sont sans nombre. Comment établira-t-on la culpabilité de l’incriminé, en l’absence de témoins ? Faut-il mettre une boîte noire ou une caméra cachée dans toute chambre conjugale ?

 

J’entends bien que la pire offense qu’on puisse faire à une femme est de ne pas la désirer. Mais aussi combien de fois une épouse se refuse-t-elle à son mari, en prétextant migraine ou autre ! Et celui-ci peut avoir diverses raisons pour renoncer à son « devoir », la fatigue par exemple du travail qu’il consent parfois pour donner simplement des revenus à sa femme. Le problème du « Qui a commencé ? » est donc a priori insoluble, autant que les motifs véritables du plaignant. La justice ne peut entrer dans des contextes particuliers dont le nombre est infini, et en regard  desquels il est absurde de poser abstraitement un principe général.

 

Enfin qui ne voit que le « devoir conjugal » s’oppose absolument au « viol conjugal », qui depuis 1992 est légalement condamnable entre conjoints ? Qui empêcherait le violeur de sa femme de s’autoriser de son « devoir », pour s’exo­nérer de sa culpabilité, et transformer les derniers outrages en suprêmes honneurs ? Le devoir conjugal retournerait ainsi au droit de cuissage.

 

En vérité, il a été instauré, comme le mariage dans son ensemble, pour favoriser et valoriser la reproduction de l’espèce, sans quoi aucune société ne peut vivre : il y a là une transcendance collective, qui fait bon marché des aspirations individuelles, et par quoi certains, du fait d’une justice aveugle, peuvent être impitoyablement broyés.

 

[v. Copulation]

 

> Article paru dans Golias Hebdo, 15 décembre 2011

 

D.R.

***

Cet article est extrait du livre suivant :

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

***

 

> Pour voir tous mes livres édités chez BoD, cliquer : ici.

 

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19 décembre 2021 7 19 /12 /décembre /2021 12:40

Voici, mise sur mon blog artistique, la suite d'une série de méditations photographiques. 

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18 décembre 2021 6 18 /12 /décembre /2021 02:01

Q

ue mangerait Jésus ? Aux États-Unis les rayons des librairies regorgent de livres pro­posant des régimes alimentaires autour de cette si importante question…

 

Le Régime du Créateur, Le Régime Alléluia, Le Corps selon Dieu… tels sont quelques uns de leurs titres. Ainsi l’auteur de Maigrir pour la vie s’exclame-t-il : « Vous voulez que le monde vien­ne à Jésus ? Vivez comme lui, ressemblez-lui. Faites en sorte que quand les gens vous voient, ils voient le Christ en vous. »

 

C’est aussi le but que se fixait autrefois l’auteur de L’imitation de Jésus-Christ. Seulement il n’avait pas en vue l’amaigrissement du corps, mais le salut de l’âme – même si, à force de privations dues à une mortification quotidi­en­ne, le second pouvait entraîner le premier.

 

L’auteur de Que mangerait Jésus ? nous invite à ne pas nous laisser dominer par la chair et manger n’importe quoi : « Beaucoup de gens n’auront pas une alimentation équilibrée tant qu’ils ne seront pas responsables et qu’ils ne se demanderont pas : ‘Est-ce que Jésus mangerait ça ?’ avant de l’avaler. »

 

Selon ces auteurs, le régime christique était à base de céréales, de fruits frais, de graines et de noix. Aux diététiciens de dire s’il est bon. Mais si les gens qui le suivent ne perdent pas de poids, n’auront-ils pas l’impression d’être de mauvais chrétiens ?

 

On sait aussi les ravages qu’on fait certains régimes sectaires, par exemple celui de la macrobiotique, dénoncé par Roger Ikor après le suicide de son fils qui en était adepte.

 

On peut s’interroger sur cette « jésulâtrie », ainsi que sur cette vision extrêmement utilitaire et instrumentalisante de la religion. D’ailleurs où ces auteurs ont-ils pris cette certitude sur ce que mangeait Jésus ? Si on s’en reporte aux textes au contraire, contre les prescriptions alimentaires extrê­­mement restrictives des juifs, il a dit qu’on peut manger n’importe quoi, ou ce qu’on veut.

 

Car l’important n’est pas là. Il n’est pas dans ce qu’on ingère, mais dans ce qui sort de nous : paroles, regards, actions, etc ., qui peuvent aussi bien sauver que tuer, suivant l’intention qui s’y manifeste :

 

« Il n’est hors de l’homme rien qui, entrant en lui, puisse le souiller ; mais ce qui sort de l’homme, c’est ce qui le souille. » (Marc 7/15)

 

À l’évidence, cette seule règle de vie annule tous les régimes…

 

> Article paru dans Golias Hebdo, 26 mars 2009

 

D.R.

***

Cet article est extrait du livre suivant :

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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