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27 mars 2020 5 27 /03 /mars /2020 02:01

On le voit renaître chez certaines instances religieuses du fait de la pandémie du coronavirus. Ainsi l’Église orthodoxe grecque a refusé de s’abstenir de donner la communion à ses fidèles malgré les mesures sanitaires prises par les autorités (Source : la-croix.com, 11/03/2020). L’Église catholique romaine a décidé d’accorder « l’indulgence plénière » ou pardon des péchés, aux croyants frappés par la pandémie, à condition qu’ils aient participé à des célébrations retransmises à distance dans un esprit de dévotion, et pour les mourants, qu’ils aient récité « régulièrement quelques prières durant leur vie » (ladepeche.fr, 22/03/2020).

 

Ces réactions procèdent d’un esprit infantile dans le premier cas, pour ce qui est de l’attachement au processus magique de l’eucharistie, et infantilisant dans le second, montrant une pastorale qui fait marcher les fidèles par la carotte et le bâton : aux bons croyants on vient en aide, mais aux mauvais on ne pardonne pas. On pensait que ces « indulgences » étaient reléguées aux vieilles lunes, depuis que Luther les a dénoncées. Mais non, elles perdurent, et ne font pas grandir le fidèle, qu’elles maintiennent démuni, oscillant perpétuellement entre l’espoir d’un secours et la menace d’un châtiment.

 

Mais le comble a été la déclaration en ligne du cardinal américain Raymond Burke, selon lequel les fidèles devraient assister à la messe malgré le coronavirus. Résidant en Italie, pays européen qui à ce jour a connu le plus de morts du fait de l’épidémie, sa déclaration est d’autant plus inadmissible (ncronline.org, 24/03/2020).

 

Comme je l’ai prévu dans mon billet Peur (Golias Hebdo, n°616), réapparaît la barbare théologie de la rétribution, selon laquelle l’épreuve est méritée parce qu’étant un châtiment de la justice de Dieu (théodicée). Ainsi Burke écrit : « Il ne fait aucun doute que de grands maux comme la peste sont un effet du péché originel et de nos péchés réels. Dieu, dans sa justice, doit réparer le désordre que le péché introduit dans nos vies et dans notre monde. » Là encore on pensait que cette idée était caduque : c’est bien assez que nous soyons dans le monde punis par nos péchés (ou nos erreurs, nos faux-pas), sans que nous le soyons encore pour nos péchés. Mais non, tous les vieux réflexes dogmatiques et cléricaux refont surface. Nous sommes loin des lumières. L’obscurité de la barbarie est insondable, et son irresponsabilité, totale.

 

D.R.

 

***

 

Retrouvez tous mes articles de Golias Hebdo, publiés en plusieurs volumes, sous le titre Des mots pour le dire, chez BoD. Sur le site de cet éditeur, on peut en lire un extrait, les acheter... Cliquer : ici.

 

Notez qu'ils sont aussi tous commandables en librairie, et sur les sites de vente en ligne (Amazon, Fnac, etc.).

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25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 02:01

Ce petit flm de 8'36", mis sur Facebook, s'inspire du court texte de Heidegger Le Chemin de campagne. On peut le voir en entier d'abord, et dans un second temps par fragments, en faisant une pause sur chaque extrait du texte, pour mieux le comprendre. Le thème est la perte de l'Essentiel, dans une modernité vouée à l'agitation et au divertissement.

 

Cliquer sur l'image ci-dessous :

 

 

Heidegger - Modernité - Chute ontologique
Le Chemin de campagne (vidéo)

 

 

On peut aussi voir sur mon blog un diaporama, qui suit fidèlement le découpage du film, et facilite sa compréhension. Cliquer sur :

 

 

Enfin, pour lire le texte de Heidegger dans son intégralité, cliquer sur :

 

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23 mars 2020 1 23 /03 /mars /2020 02:01

Celui auquel nous sommes confrontés par la pandémie du coronavirus peut faire réfléchir sur la sociabilité de l’homme. Tout le monde convient qu’il est un animal social, et que l’Ecclésiaste a raison de dire : « Malheur à l’homme seul ! ». Cependant l’enfermement où beaucoup sont condamnés peut mener à des catastrophes. On a vu chez certains confinés dans un petit logement des disputes, des coups, et même des demandes de divorce. Cela pourrait donner raison au mot de Sartre : « L’enfer c’est les autres ».

 

 

Étrange chose que l’homme ! D’une part il cherche le contact avec les autres, mais de l’autre ce contact peut être si problématique qu’il cherche à s’en délivrer. Schopenhauer compare les hommes à des porcs-épics. Quand ils ont froid ils cherchent à se réchauffer en rapprochant des autres. Mais ce faisant ils se piquent et se blessent, et donc ils doivent s’éloigner, au risque d’avoir à nouveau froid et de vouloir à nouveau se rapprocher, et cela sans fin. Ainsi l’être-sans cherche l’être-avec, mais ce dernier a de nouveau le regret de l’être-sans. Cette valse permanente est le lot de bien des vies, et de bien des couples. « Ni avec toi, ni sans toi » entend-on à la fin de La Femme d’à-côté de Truffaut.

 

La leçon est que chacun doit trouver un moyen de s’appartenir, qui est littéralement se tenir à part, et donc qu’il doit avoir dans chacune de ses journées un lieu et un temps de solitude. Sans aller peut-être jusqu'au Toi sans toit, ou une maison avec deux ailes, avoir par exemple au moins, comme disait Virginia Woolf, une chambre à soi.

 

En général il faut dans toute relation éviter la promiscuité. Écoutons les conseils de Gibran dans Le Prophète : « Versez-vous à boire, mais ne buvez pas dans le même verre ». Deux arbres plantés trop près l’un de l’autre ne poussent pas bien, il faut de l’espace entre eux pour qu’ils puissent s’épanouir. Relisons aussi la définition de l’amour que donne Rilke sans ses Lettres à un jeune poète : « Deux solitudes qui se protègent, se bornent et se rendent hommage. »

 

La fusion avec l’autre, de type romantique par exemple, n’existe pas. Les êtres sont fondamentalement solitaires, même s’ils ont du mal à l’admettre, et cette solitude doit être respectée. S’il est vrai qu’on ne peut pas vivre totalement à part des autres, et que l’isolement est une mauvaise chose, il reste que la socialisation a des règles qu’on ne peut oublier, dont la principale est la garantie pour chacun de son espace vital. À quoi contrevient pour certains, hélas !, le fatal confinement actuel.

 

D.R.

 

D.R.

 

***

 

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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