D.R. Sous le plancher ... Ce qu'il y a sous le plancher est violent, d'autant plus violent que contenu longtemps. Telles ces crises où tout explose soudain entre les êtres, où tout se disjoint o...
e mot bon-enfant n’a rien que de rassurant. Il s’associe heureusement au besoin que nous avons de nous nourrir, qu’il satisfait pour notre plus grand plaisir.
On vient cependant de l’associer à un contexte apparemment tout opposé, celui de la mort. En effet, une exposition à l’église Westerkerk d’Amsterdam a attiré plus de 3.500 visiteurs en leur offrant une panoplie insolite de gadgets funéraires.
Parmi eux, la présentation de tombes qui font office de potagers. L’organisateur indique qu’elles peuvent permettre « de rendre hommage à un vieux parent amateur de jardinage, ou plus pratiquement de rentabiliser la superficie occupée. Les plantes sont cultivées dans des récipients autonomes au-dessus de la tombe, ce qui évite tout risque de contamination. » (Source : AFP, 25/05/2017)
Cette idée de sépultures légumières choquera certains, qui la verront comme attentatoire à la digité des honneurs funèbres. Mais ils oublient que les funérailles sont faites pour les vivants, et non pour les défunts, et que, selon la phrase évangélique, il faut « laisser les morts enterrer les morts ».
Au reste, l’homme vient de la terre, et y retourne. Adam, le premier homme, est « tiré du sol ». Chouraqui traduit même : « le Glébeux ». En latin aussi homo est apparenté à humus, auquel, une fois inhumé, il revient : grande leçon d’humilité. Ramassons donc simplement une motte de terre, et nous aurons à la fois humus, homme, et humilité.
Pourquoi récuser alors l’idée d’un grand potager cosmique ? La mort est ce qui prend et donne, lambanôn kai didous, comme le dit Schopenhauer dans sa Métaphysique de la mort. Mourir n’est rien d’autre que ranimer la nature sous une autre forme. « Le don de vivre a passé dans les fleurs », dit de même Valéry dans « Le Cimetière marin ». Tout n’est qu’un Grand Cycle : la fleur vient du fumier, et le fumier vient de la fleur.
Maupassant avait dans ses dernières volontés demandé à être enterré sans cercueil, à même la terre au cimetière Montparnasse, pour que sur son corps décomposé pussent naître au plus vite de nouveaux « petits Maupassants » : mais à l’époque la procédure réglementée de l’inhumation s’y opposa. Aujourd’hui, grâce aux tombes potagères, les choses pourront peut-être changer !
Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).
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Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).