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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 02:01

Terminant son intervention lors de l’ouverture de la COP 26 à Glasgow, le président états-unien a dit à son public : « Que Dieu vous bénisse, et que Dieu sauve la planète ! » (entendu au Journal de 19 H de France Inter, 01/11/2021).

 

Bien sûr on peut voir dans cette phrase une formule stéréotypée et « passe-partout », sans grande conséquence, habituelle dans ce pays traditionnellement religieux. Mais si on la prend au sérieux et dans son sens plein, la leçon en est terrifiante. Autrement dit : Nous, hommes, sommes en passe de détruire la planète, c’est maintenant à Dieu de la sauver ! Est-il meilleur exemple de déresponsabilisation ?

 

On sait que pour le protestantisme, dont les États-Unis sont une essentielle expression, la justification de l’homme aux yeux de Dieu se fait non par les actes du premier, mais par sa seule foi, ainsi que par la seule grâce libéralement octroyée par le second – soit à quelques uns seulement (particularisme, position de Calvin), soit à tous (universalisme, position du protestantisme libéral). Cette position refuse à l’homme tout mérite procuré par l’action, même s’il voulait améliorer une situation qui est de son fait. Tout le monde s’accorde en effet pour penser que la dégradation du climat a une origine humaine, anthropique. Que penser alors, si l’homme ne peut utilement corriger lui-même ce qu’il a causé ?

 

Cela peut mener à une démission et à un laisser-faire : on laisse les choses perdurer, en attendant que Dieu y porte remède. Et cela peut justifier les intérêts égocentriques des divers états, qui peuvent y trouver un alibi pour leur inaction. Certains chrétiens états-uniens disent même que plus les choses iront en se dégradant, plus sera proche l’avènement du Jugement dernier, où l’on verra le tri des coupables et des élus, ce qu’on appelle la moisson eschatologique. Attendons donc l’Apocalypse, en nous croisant les bras.

 

Combien Luther aurait été mieux inspiré en ne méprisant pas l’Épître de Jacques, où on lit que la foi sans les œuvres est morte ! Il a fait là une infidélité à la « Seule Écriture ». En regard, les Jésuites chez nous ont donné une part non négligeable à la liberté humaine dans l’économie du salut. Le christianisme orthodoxe aussi dit qu’il doit y avoir entre l’homme et Dieu une collaboration, une synergie. Pourquoi dire alors que tout dépend de Dieu et rien de l’homme ? Il suffit d’écouter ici le proverbe : Aide-toi, et le Ciel t’aidera !

 

D.R.

 

***

 

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***

 

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2 novembre 2021 2 02 /11 /novembre /2021 02:01

> En ce jour de Fête des Morts, voici un ancien article qui prend son actualité :

 

C’

est le fait de rendre à la terre ce corps qui en provient. N’oublions pas que les mots homme et humus ont la même racine latine. Comme aussi humble, et humilité.

 

En hébreu aussi le nom d’Adam, notre ancêtre, signifie : « tiré du sol ». Chouraqui le traduit d’ailleurs par « Le Glébeux » ! Ramassons donc seulement une motte de terre, et nous pouvons méditer sur notre vrai destin. Mourir, c’est seulement revenir d’où nous sommes sortis, et ranimer la nature sous une autre forme. Le plus petit bourgeon printanier suffit à montrer qu’à une autre échelle que celle de notre petite existence la mort n’existe pas.

 

Elle prend, désassemble, et redonne en réassemblant, comme le souligne Schopenhauer dans sa Métaphysique de la mort. Tout n’est que grand cycle. La fleur vient du fumier, et le fumier vient de la fleur. Comme le dit Valéry dans « Le Cimetière marin » : « Le don de vivre a passé dans les fleurs. »

 

... Là est la sagesse. Mais beaucoup ne l’ont pas. Je pense à ce fait-divers rapporté par la presse (AFP, 04/04/2014) : un tribunal de Blois a ordonné l’exhumation et la séparation des corps d’un couple de divorcés. Il a fait droit à la requête de la nouvelle femme du défunt, qui n’a pas supporté que son mari ait été inhumé, à l’instigation de sa belle-fille, à côté de son ancienne femme. Le Tribunal en l’espèce à parlé de « droits à la sépulture », qui devaient revenir à la seconde femme, la première après le divorce étant devenue « un tiers ».

 

Outre le côté « clochemerlesque » de ce jugement (délai de 2 mois pour le « déménagement » du corps, sous peine d’astreinte de 50 euros par jour de retard, payables par la belle-fille), je reste rêveur devant l’acharnement de la plaignante. Jusqu’où peuvent bien aller des haines, que la mort même ne peut apaiser !

 

Il suffit de voir ce qui reste de nous une fois notre corps rendu à la nature. Quiconque a pratiqué ce qu’on appelle une « réduction de tombe » voit bien que nous allons à la poussière. Les plus belles et poétiques épitaphes n’y font rien : ce ne sont que quelques vers sur beaucoup d’autres. Et si haut qu’on soit monté, on finit toujours par des cendres.

 

Je donnerais volontiers ce conseil à la bénéficiaire du jugement : le vrai tombeau des morts c’est le cœur des vivants. La mémoire qu’on en garde est l’essentiel, et nous mourons vraiment non quand nous descendons dans la tombe mais quand plus personne ne se souvient de nous. Laissons là où il est  le cadavre, ce je ne sais quoi qui n’a de nom dans aucune langue, selon le mot de Tertullien rapporté par Bossuet.

 

Car cette dame, même « victorieuse », est intérieurement empoisonnée par son animosité. Elle ne vit pas. Elle devrait bien prendre leçon de la parole connue : « Laissez les morts enterrer les morts. » (Matthieu 8/22 ; Luc 9/60) [v. Éternité]

 

8 mai 2014

 

D.R.

 

 

***

 

Ce texte est extrait du livre suivant, dont on peut feuilleter le début (Lire un extrait), et qu'on peut acheter sur le site de l'éditeur (Vers la librairie BoD) :

 

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

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31 octobre 2021 7 31 /10 /octobre /2021 02:01

U

ne jeune Anglaise, Jane Park, gagnante en 2013, à 17 ans, d’une somme de 1,3 millions d’euros, vient de porter plainte 4 ans plus tard contre la loterie britannique pour ne pas avoir été suffisamment accompagnée dans l’usage qu’elle a fait de cette somme (Source : Franceinfo, 19/02/2017).

 

Elle écume maintenant les plateaux de télévision pour dire que son quotidien est devenu un enfer depuis qu’elle a touché ce gain. Elle a dépensé sans compter : chaussures, sacs, voitures (alors qu’elle n’a pas le permis de conduire), et même chirurgie esthétique ! Aujourd’hui quasi ruinée, elle est retournée vivre chez sa mère dans la banlieue d’Édimbourg en Écosse. Elle poursuit donc la loterie en justice pour négligence et défaut d’avertissement et d’assistance. Le paradoxe de son action c’est qu’elle pourrait bien lui rapporter des dommages et intérêts, donc à nouveau de l’argent...

 

J’ai déjà soulevé dans le n°216 de Golias Hebdo (semaine du 22 au 28 décembre 2011) le cas de ce joueur de poker, qui se définissant lui-même comme accro à cette activité, a attaqué en justice notre gouvernement, en lui demandant un dédommagement de 100.000 euros, au motif qu’on ne lui a pas interdit l’accès aux salles et aux sites en ligne où se pratique ce jeu.

 

Le cas de notre jeune Anglaise s’en rapproche beaucoup. Dans le fond, on se plaint toujours de n’avoir pas été traité comme un enfant à qui devaient être notifiées en chaque situation mises en garde et précautions à prendre.

 

Ce qui est préoccupant, par-delà le côté cocasse de la chose, c’est la vision de l’homme, très répandue aujourd’hui, qui y est impliquée : celle d’un être mou et influençable, incapable de juger par lui-même de ce qui est bon pour lui, c’est-à-dire immature et faible, modelé par le déterminisme des circonstances. D’où sa propension à se poser en victime de ce qui lui arrive, et non en adulte responsable. Cette vision, développée par exemple dans La Tentation de l’innocence de Pascal Bruckner (1995), maintient l’homme dans une éternelle enfance, et fait bon marché de ce qui me semble essentiel en lui, et constitutif de son humanité même : sa liberté.

 

[v. Infantilisation : lien]

 

2 mars 2017

 

D.R.

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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