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25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 02:01

On vient d’en avoir un nouvel exemple, avec la demande de déprogrammation du dernier film de Roman Polanski J’accuse, consacré à l’affaire Dreyfus. Elle a été formulée par diverses organisations féministes, en particulier dans le département de la Seine Saint-Denis, au motif que le réalisateur a déjà derrière lui, outre-Atlantique, un lourd palmarès d’ennuis judiciaires liés à une sexualité débridée.

 

Je trouve cette demande à la fois infondée et dangereuse. Infondée, car elle méconnaît la différence énorme qu’il y a entre l’homme et le créateur. Proust par exemple, dans son Contre Sainte-Beuve, a montré qu’il s’agit de deux êtres tout à fait différents. Le moi de l’artiste n’est pas le petit moi de l’être ordinaire, relevant de ce que Malraux appelait le « misérable petit tas de secrets ». Comme professeur, j’ai constamment mis en garde mes étudiants contre la méthode biographique, issue de Lanson, pratiquée par exemple par le Manuel de Lagarde et Michard. Verlaine implore-t-il le pardon de sa femme dans Sagesse ? Nos deux compères nous avertissent qu’il « semble un peu oublier la gravité de ses torts » ! Mais cela n’a rien à voir avec les si beaux vers intemporels de ce recueil ! Pareillement que nous sert de savoir que Rousseau, auteur d’un très important livre sur l’éducation, ait abandonné ses propres enfants ? Ou que Voltaire l’humaniste ait eu des intérêts financiers dans la traite négrière ? En vérité, seule l’œuvre compte et son retentissement pour le lecteur. Les pamphlets antijuifs de Céline n’enlèvent rien aux cris désespérés du Voyage au bout de la nuit. – J’en parle ici d’autant plus librement que je viens de voir le film de Polanski, et que je l’ai trouvé tout à fait académique et illustratif, œuvre seulement d’un bon artisan et non pas d’un vrai artiste.

 

Ensuite cette demande de censure est dangereuse, car elle ignore évidemment toute présomption d’innocence, et se substitue directement à l’autorité judiciaire. Outre qu’elle porte atteinte à la liberté d’expression, elle soumet tout à un ordre moral totalitaire, qui est en train de nous submerger. Cette manie de tout juger selon une morale bien-pensante, éternelle donneuse de leçons et adepte d'une forme de terrorisme intellectuel, Nietzsche l’appelait la moraline. Méfions-nous donc, pour reprendre l’expression de Bernanos, de la Grande Peur des bien-pensants !

 

D.R.

 

 

 

 

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23 novembre 2019 6 23 /11 /novembre /2019 02:01
Et tout le reste...

Deposuit potentes de sede,
et exaltavit humiles.

(Luc 1/52)

 

Et tout le reste... Naître, grandir, vieillir, attendre la mort... Qu’y comprendre ? Lutter, s’affirmer, envier les autres ou les écraser... Puis regretter le passé. Toutes les occasions manquées, toutes les illusions mortes... Expérience du néant...

Mieux vaut croire à l’instant présent, où la moindre et plus humble chose se diapre d’éternité.

 

 

***

 

D'autres photos accompagnées de poèmes figurent dans mes derniers livres Éternels instants (Tomes I et II). Ce sont des petits livres d'art, imprimés sur papier photo brillant 200 gr. On peut les offrir en cadeau, ou s'en faire cadeau à soi-même. Vous pouvez en feuilleter le début et les commander sur le site de l'éditeur, ou bien en librairie ou sur les sites de vente en ligne (ISBN : 9782322133673 et 9782322171361)Merci de cliquer sur les images ci-dessous :

 

 

 

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21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 02:01

Je viens de recevoir une publicité pour le dernier numéro du magazine Jésus !, dont le rédacteur en chef a été le footballeur Olivier Giroud. Sa photographie figure en gros plan en couverture, avec comme légende : « 33 ans, l’âge du Christ ». C’est, me dit-on, « un numéro historique, à conserver et à offrir, le cadeau indispensable pour les fans de Jésus, de foot et... de Giroud. »

 

Je me suis donc empressé de lire l’éditorial du nouveau rédacteur en chef, et je n’ai pas été déçu. Il est empreint d’une « jésulâtrie » constante. Jésus y est convoqué à chaque ligne, comme dieu et origine de toutes choses. Giroud dit qu’il porte comme tatouage un passage des Psaumes : « L’Éternel est mon berger, rien ne saurait me manquer ». Voici comment il le commente : « Ces mots gravés sur mon bras me rassurent. Je sais que si j’ai besoin de quoi que ce soit, d’une aide, je peux le prier, lui, Jésus. » Il va même jusqu’à dire qu’il lui arrive de le prier en plein match, pendant quelques secondes : « Et qui sait si sur le centre d’après, lorsque je choisis de couper au premier poteau, ce choix n’est pas directement inspiré par Dieu lui-même ? »

 

Voici donc les réflexions que je me fais. D’abord il faut que le souci de gagner à tout prix de l’argent soit bien grand, pour que ce magazine convoque un footballeur, même « champion du monde », pour augmenter son tirage.

 

Ensuite la « théologie » de Giroud est bien approximative, pour qu’il assimile le Dieu biblique des Psaumes à Jésus lui-même, dont la divinisation finale n’est d’ailleurs toujours pas admise par certains chrétiens. Il oublie en outre que ce dernier, qu’il sent constamment à ses côtés, est en réalité une figure construite par les projections de disciples et des siècles de foi, et que, comme il n’a rien écrit, il est une forme vide, comme Socrate qui n’est connu que par ses disciples (Platon Xénophon). Pour lui, il est comme un Grand Frère qui veille sur lui, qui comme il le dit le rassure et l’apaise.

 

Enfin la publicité du magazine est un modèle de démagogie, en mêlant tout ensemble les fans de Giroud, du foot, et ceux de Jésus. Ce nivellement des plans est significatif de notre modernité.

 

Je trouve bien sûr cette approche et cette vision tout à fait infantiles, mais je ne doute pas qu’elles puissent trouver beaucoup d’échos chez certains. Il est dommage que ce magazine s’appuie sur l’infantilisme de son rédacteur pour infantiliser ses lecteurs.

 

D.R. - Cliquer sur l'image

 

 

***

 

Retrouvez tous mes articles de Golias Hebdo, publiés en plusieurs volumes, sous le titre Des mots pour le dire, chez BoD. Sur le site de cet éditeur, on peut en lire un extrait, les acheter... Cliquer : ici.

 

Notez qu'ils sont aussi tous commandables en librairie, et sur les sites de vente en ligne (Amazon, Fnac, etc.).

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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