Il n’est sens que celui qu’on donneAux choses qui n’en ont aucunÀ ce qu’on rêve on s’abandonneOn ne se nourrit que d’empruntsTout ce qu’on dit et qu’on ressasseDu début du jour à sa finN’empêchera que vie se passeSans avoir rien su du cheminBien sûr il y eut telle présenceLumière et souvenir aussiMais rien ne peut guérir l’absenceEt l’impatience du souciFaisons illusion du ThéâtreTant que figurons dans le JeuFeignons qu’en nous puisse décroîtreLe désir éternel du Lieu...
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D'autres photos accompagnées de poèmes figurent dans mes derniers livresÉternels instants(Tomes I, II, III et IV). Ce sont des petits livres d'art de 100 pages chacun, format 12 x 19 cm, imprimés sur papier photo brillant 200 gr. On peut les offrir en cadeau, ou s'en faire cadeau à soi-même. Vous pouvez feuilleter le début du tome I (cliquer ci-dessous surLire un extrait), le commander sur le site de l'éditeur (cliquer surVers la librairie BoD), ou bien en librairie (diffusion SODIS), ou sur les sites de vente en ligne.
Pour voir l'ensemble des livres de cette collection, cliquer : ici.
Je viens de lire un intéressant dossier sur les conditions auxquelles la Commission européenne a acheté à leurs fabricants les différents vaccins contre le coronavirus (francetvinfo.fr, 19/02/2021).
On y apprend que les transactions ont été et sont encore très opaques, sans contrôle des représentants des citoyens, preuve que le « droit des affaires » derrière lequel s’abritent les industriels pharmaceutiques n’a rien de démocratique. Surtout on y voit que très tôt les États-Unis ont courtisé ces derniers, et leur ont garanti des conditions juridiques très favorables, en acceptant de les exonérer de toute responsabilité en cas de problème tant sur le plan de la production que sur le plan de la santé. L’Europe a bien tenté de résister, d’où le retard avec lequel les vaccins y sont maintenant disponibles, mais finalement elle s’est soumise à ces conditions. Elle a accepté qu’en cas d’effets indésirables graves avec un vaccin, seul Bruxelles sera tenu pour responsable. Les États-membres seront alors chargés d’indemniser les victimes. Par « les États », comprenez les citoyens. Les victimes s’indemniseront donc elles-mêmes avec l’argent de leurs impôts. Pour elles la double peine est complète.
On voit là l’énorme poids de cette industrie, capable de faire un tel chantage et se décharger de toute responsabilité, sans aucune contrepartie. Chantage, parce qu’évidemment on a besoin des vaccins, et donc on les paiera à n’importe quelle condition...
Cette arrogance brutale est propre au capitalisme le plus débridé. Dans la vieille Europe, on a depuis longtemps essayé de protéger le citoyen-consommateur, par exemple l’acquéreur d’un bien quelconque. À cela sert la garantie, assortie à l’acte d’achat. Mais ici les Laboratoires, outre qu’ils se font payer à leur guise, fournissent un bien sans aucune garantie. Le dossier susmentionné conclut ainsi fort justement : « On est dans une configuration où les risques, c’est pour tout le monde. Mais les profits, c’est uniquement pour l’industrie pharmaceutique. »
C’est habituel : le capitalisme privatise les profits et mutualise les risques. Mais c’est d’autant plus inadmissible qu’il s’agit de la santé, sur laquelle on spécule. Face à cette force aveugle et inhumaine, certains prônent une levée des brevets et une suspension de la propriété intellectuelle pour les remèdes à cette pandémie. Mais auront-ils le poids suffisant pour être entendus ?
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Ce texte est à paraître dans le journalGolias Hebdo. D'autres textes comparables figurent dans l'ouvrage suivant, dont on peut feuilleter le début (Lire un extrait), et qu'on peut acheter sur le site de l'éditeur (Vers la librairie BoD).Le livre est aussi disponible sur commande en librairie, ou sur les sites de vente en ligne.
Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Souvent inspirés par l'actualité, ce qui les rend plus vivants, ils ont cependant un contenu intemporel, et se prêtent toujours à une réflexion philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).
Pour voir l'ensemble des volumes parus dans cette collection, cliquer ici
omme Vinci l’a dit de la peinture, l’art est une chose mentale (cosa mentale), c’est-à-dire s’adresse non au plaisir de l’œil, ce qui est simple décoration, mais à l’intelligence. Il doit signifier, c’est-à-dire faire penser à quelque chose d’autre que ce qu’il présente. Voir dans les arts plastiques un simple jeu de formes et de couleurs, une simple musique visible, serait une terrifiante régression, dans quoi tombe souvent la peinture totalement abstraite. On s’y veut totalement libre. Mais un avion qui s’imaginerait mieux voler dans le vide, s’il ne s’appuyait pas sur l’air, tomberait. L’appui minimal sur quelque élément identifiable, loin d’appauvrir la perception, l’enrichit.
Aussi, depuis que Duchamp a dit de façon intelligente et suicidaire à la fois que l’œuvre est faite seulement du regard porté sur elle, et son aura du simple lieu où elle est exposée, on propose à l’admiration des foules un n’importe quoi qui toujours convient : anything goes.
L’œuvre bénéficie d’un crédit, d’une confiance, d’une fiducia, que lui confèrent à la fois le fait d’être exposée dans un lieu a priori sacralisé, et aussi un discours verbal extrinsèque. La mise en avant de l’idée ou de l’intention, comme dans l’art conceptuel, dispense d’un quelconque effort de réalisation effective. En réalité, l’œuvre ainsi conçue est tautologique : ce qu’on voit n’est que ce qu’on voit, rien d’autre – what you see is what you see.
Mais on n’y prend pas garde, et la crédulité générale est telle qu’on y voit, par la vertu même de l’installation et du discours extérieur, autre chose. Institutions, conservateurs de musée, commissaires d’exposition, galeristes, critiques et essayistes font l’opinion, et tout le monde suit à la façon des moutons. On se remémore l’exemple fâcheux des juges obtus qui ont condamné Madame Bovary et Les Fleurs du mal. Aussi, par crainte de passer pour un béotien, on gobe tout. Pourtant un urinoir, un égouttoir à bouteilles, ou quelque ready-made que ce soit, nul n’avait pensé jusqu’ici qu’ils pouvaient être autre chose qu’eux-mêmes. Qui osera dire : « Circulez, il n’y a rien à voir » ?
Kafka a bien prédit ce phénomène : « Casser des noix n’est pas vraiment un art, aussi personne n’osera-t-il convoquer un public pour le distraire en cassant des noix. S’il le fait cependant et que son intention se voie couronnée de succès, c’est qu’il s’agit au fond d’autre chose que d’un simple cassement de noix, c’est que nous n’avions jamais pensé à cet art parce que nous le possédions à fond et que le nouveau casseur de noix nous en a révélé la véritable essence, auquel cas il peut être même nécessaire qu’il soit un peu moins adroit que nous… »
Tout est ici affaire de conformisme du public et de présomption de l’artiste, qui font présumer la valeur de ce qui est montré. En serons-nous toujours dupes ?
27 mai 2010
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Ce texte est paru dans le journalGolias Hebdo. D'autres textes comparables figurent dans l'ouvrage suivant, dont on peut feuilleter le début (Lire un extrait), et qu'on peut acheter sur le site de l'éditeur (Vers la librairie BoD).Le livre est aussi disponible sur commande en librairie, ou sur les sites de vente en ligne.
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Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).