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29 juin 2017 4 29 /06 /juin /2017 01:01

Une version à peine métaphorique vient d’en être donnée par l’entreprise californienne Ambrosia LLC, qui propose à ses clients, pour la somme de 8.000 dollars, une transfusion de sang provenant d’un sujet jeune, qui pourrait ainsi ralentir le vieillissement du receveur. Elle mise sur une discipline scientifique peu connue appelée parabiose, déjà étudiée chez les souris, qui explore la possibilité que le sang jeune transfusé chez une personne âgée puisse inverser les symptômes du vieillissement. Ce plasma vient donc d’adolescents et de jeunes adultes, âgés maximum de 25 ans. Pour les clients, il faut avoir 35 ans minimum, mais le directeur de l’entreprise confirme que la plupart sont proches de la retraite (Source : mashable.france24.com., 02/06/2017).

 

Cela signifie donc vider des adolescents de leur sang au profit des personnes âgées. Deux remarques alors viennent à l’esprit. D’abord cette obsession de l’allongement de la vie, très répandue dans la Silicon Valley, qui sous-tend aussi le mouvement transhumaniste, montre la déraison ou l’hybris de l’homme occidental : la mort en tant que destin inéluctable n’est plus acceptée, et on ne voit pas quelle borne pourrait être mise à cette ambition dont l'horizon est l'immortalité.

 

Ensuite, et c’est sûrement plus grave, on voit avec horreur se développer une société duale, où les riches prospèreront sur la détresse des pauvres, se nourrissant littéralement de leur substance. On connaît le cas de la comtesse Erzsébet Báthory, qui pour garder une éternelle jeunesse se baignait dans le sang de vierges : l’histoire en est racontée dans le film de Julie Delpy, La Comtesse (2009). Mais aussi je pense au film prémonitoire d’Alain Jessua, Traitement de choc (1973), où une clientèle fortunée séjournant dans une clinique de luxe profitait du sang prélevé sur de pauvres ouvriers portugais employés dans cette institution.

 

Ne sourions pas des fictions fantastiques et des visions d’horreur, telles celles concernant les Vampires. Elles peuvent bel et bien se réaliser.

 

D.R.

D.R.

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8 juin 2017 4 08 /06 /juin /2017 01:01

Ce mot bon-enfant n’a rien que de rassurant. Il s’associe heureusement au besoin que nous avons de nous nourrir, qu’il satisfait pour notre plus grand plaisir. On vient cependant de l’associer à un contexte apparemment tout opposé, celui de la mort. En effet, une exposition à l’église Westerkerk d’Amsterdam a attiré plus de 3.500 visiteurs en leur offrant une panoplie insolite de gadgets funéraires. Parmi eux, la présentation de tombes qui font office de potagers. L’organisateur indique qu’elles peuvent permettre « de rendre hommage à un vieux parent amateur de jardinage, ou plus pratiquement de rentabiliser la superficie occupée. Les plantes sont cultivées dans des récipients autonomes au-dessus de la tombe, ce qui évite tout risque de contamination. » (Source : AFP, 25/05/2017)

 

Cette idée de sépultures légumières choquera certains, qui la verront comme attentatoire à la digité des honneurs funèbres. Mais ils oublient que les funérailles sont faites pour les vivants, et non pour les défunts, et que, selon la phrase évangélique, il faut « laisser les morts enterrer les morts ».

 

Au reste, l’homme vient de la terre, et y retourne. Adam, le premier homme, est « tiré du sol ». Chouraqui traduit même : « le Glébeux ». En latin aussi homo est apparenté à humus, auquel, un fois inhumé, il revient : grande leçon d’humilité. Ramassons donc simplement une motte de terre, et nous aurons à la fois humus, homme, et humilité. Pourquoi récuser alors l’idée d’un grand potager cosmique ? La mort est ce qui prend et donne. Mourir n’est rien d’autre que ranimer la nature sous une autre forme. « Le don de vivre a passé dans les fleurs », dit Valéry dans Le Cimetière marin.

 

Maupassant avait dans ses dernières volontés demandé à être enterré sans cercueil, à même la terre au cimetière Montparnasse, pour que sur son corps décomposé pussent naître au plus vite de nouveaux « petits Maupassants » : mais à l’époque la procédure réglementée de l’inhumation s’y opposa. Aujourd’hui, grâce aux tombes potagères, les choses pourront peut-être changer !

 

D.R.

D.R.

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26 mai 2017 5 26 /05 /mai /2017 01:01

Auri sacra fames !, dit l’expression latine empruntée à Virgile, et passée en proverbe : « Maudite est la faim de l’or ! ». On veut toujours de l’argent, et toujours plus. Un exemple significatif nous en vient du Royaume-Uni. En 2011, un couple de Britanniques a remporté le gros lot (110 millions d’euros) à l’Euro Millions. Ils ont décidé de donner 1,8 millions d’euros à leur fils. Mais ce dernier a jugé que ce n’était pas suffisant, et a décidé de les attaquer en justice, estimant qu’ils devaient le « financer » tout au long de sa vie. L’affaire vient maintenant d’être jugée, et la décision finale lui a donné tort. Le magistrat a estimé que le fils plaignant « avait les fonds nécessaires pour avoir une vie confortable ». Ce dernier a rétorqué que son père lui avait promis de « toujours le prendre en charge », un argument que n’a pas retenu le juge, qui ne lui a pas accordé de fonds supplémentaires (Source : leparisien.fr, 19/05/2017).

 

De tels chiffres sont évidemment abyssaux, et insultent à la vie du commun des mortels. Mais au-delà de ce fait, ce qui est remarquable est l’acharnement où peut conduire la cupidité. Il semble qu’il n’y ait là aucune limite infranchissable, et qu’on puisse s’attendre à tout. Les liens familiaux, les attachements affectifs élémentaires ne comptent pour rien quand il s’agit d’argent, et la vision idyllique qu’on peut en avoir est bien démentie par la réalité quotidienne. Bien oubliées sont les phrases évangéliques disant qu’on ne peut servir Dieu et Mammon, et qu’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux. Bien oubliée aussi est la mésaventure de Midas, qui obtint que tout ce qu’il touchait fût changé en or : le résultat fut qu’il ne put ingérer aucun aliment, et donc fut en danger de mourir de faim, car l’or ne se mange pas.

 

Quand aura-t-on la sagesse de comprendre que l’argent pourrit jusqu’aux plus belles choses, qu’un linceul n’a pas de poches, et qu’il ne sert à rien d’être le plus riche du cimetière ?

 

D.R.

D.R.

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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