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24 août 2017 4 24 /08 /août /2017 01:01

On vante sa pureté, et on l’oppose aux fantaisies plus ou moins exotiques que nous voyons aujourd’hui dans le polythéisme. Voyez avec quelle familiarité impertinente Offenbach traite les frasques des dieux de l’Olympe. Ils sont si proches de nous que nous ne pouvons évidemment qu’en rire.

 

Pourtant le polythéisme a fait beaucoup moins de mal dans l’histoire des hommes que le monothéisme. En effet, quand la puissance suprême est divisée entre plusieurs dieux, qui souvent se disputent entre eux, l’homme en devient plus indécis, plus prudent, plus relativiste. Et par voie de conséquence il est moins porté à imposer aux autres une volonté émanant d’un dieu unique dont il s’imagine le détenteur et très souvent le bras armé.

 

Certes il y a eu des guerres dans le monde antique, par exemple celle qui opposa Sparte à Athènes. Mais le motif n’en était pas du tout religieux. À l’inverse, le monothéisme a très souvent été instrumentalisé et transposé dans le domaine politique, d’où des guerres dites « saintes », où chacun, sûr de son bon droit et d’être l’agent de la volonté d’un Dieu unique, a étripé un adversaire senti comme un ennemi de ce point de vue. Croisades et Djihad belliqueux obéissent au même schéma.

 

Et à l’intérieur même de chaque religion monothéiste se sont produits des conflits sanglants : catholiques contre protestants en christianisme, chiites contre sunnites en islam, etc. Dans le monde antique au contraire la notion d’hérésie n’existait pas. Quand un nouveau dieu apparaissait, les Romains s’empressaient, non de l’attaquer, mais de l’intégrer dans leur panthéon, fidèles en cela à la devise de Symmaque : « Uno itinere non potest perveniri ad tam grande secretum – On ne peut parvenir à un si grand mystère par une seule voie. »

 

Je conseille à mes lecteurs de lire là-dessus les ouvrages de Jacques Soler, comme Le sourire d’Homère (2014), et Dieu et moi (2017). Voir en particulier l’interview qu’il a donnée au Point sur la supériorité, même aux yeux de l’athée qu’il est, du polythéisme par rapport au monothéisme (Lepoint.fr, 21/03/2017).

 

 

D.R.

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18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 01:01

À l’issue d’une messe à laquelle il a assisté avec le Premier ministre, en souvenir du Père Hamel assassiné l’an dernier par des terroristes islamistes, notre Président a déclaré : « Sans en diminuer l’horreur, le martyre du père Hamel n’aura pas eu lieu pour rien. Un an après nous en discernons le sens. Cela nous a rendus plus fidèles encore à ce que nous sommes, plus fidèles encore à ce qu’ils ont voulu abattre... » Or, un peu plus tôt, il avait dit : « La République garantit la liberté de croire comme de ne pas croire. La République n’a pas à combattre une religion. Elle œuvre chaque jour à ce que chacun puisse croire ou pas, en homme libre. » (Source : LeFigaro.fr, 26/07/2017)

 

Eh bien, je prétends que ces deux extraits ne vont pas du tout l’un avec l’autre, sont parfaitement contradictoires. En effet le second fait l’éloge de la laïcité, qui en effet garantit non seulement la liberté de croire, mais aussi, et on l’oublie bien souvent, celle de ne pas croire. Mais le premier le contredit, en qualifiant l’assassinat du Père Hamel de « martyre ». Or ce mot est religieux. Il désigne, selon Le Robert, « la mort, les souffrances qu’un martyr, une martyre endure pour sa religion, pour ne pas renier sa foi ». Le Père Hamel n’a été un « martyr » que pour les catholiques, dont il faut rappeler d’ailleurs que seulement 5% d’entre eux vont régulièrement à la messe. Pour la grande majorité du peuple français, il a été simplement une victime innocente de la barbarie terroriste. C’est cette dernière qualification, tout à fait neutre, qu’on aurait attendue de la part d’un Président d’une république laïque, qui ne doit prendre parti précisément pour aucun parti religieux en adoptant son vocabulaire.

 

Je ne sais si le président a rédigé lui-même ce discours, ou s’il l’a fait écrire par un autre. De toute façon, le rédacteur aurait dû se souvenir de la phrase de Confucius : « La première tâche du gouverneur d’un peuple est de restaurer le sens des mots. » Ou encore de celle de Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde. »

 

D.R.

D.R.

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Nota : Le procès en béatification de Jacques Hamel, "prêtre et martyr", est officiellement ouvert dans l'Eglise catholique. Cliquer : ici.

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14 août 2017 1 14 /08 /août /2017 01:01

Dans son livre Drunk With Blood: God’s Killings In The Bible (Ivre de sang: les meurtres de Dieu dans la Bible), Steve Wells dénombre tous les meurtres et exécutions commis par Dieu dans la Bible : lorsqu’on se contente de regarder les assassinats et génocides pour lesquels il existe un décompte précis, on arrive au chiffre phénoménal de 2,8 millions de morts (Source : Slate.fr., 25/04/2016).

 

Bien sûr, la Bible n’est pas le seul livre sacré des religions monothéistes qui montre la face violente de Dieu. Assurément ces mêmes livres s’ils paraissaient aujourd’hui, seraient aussitôt condamnés et interdits par notre justice, pour apologie du meurtre.

 

À partir de là, on peut, comme font les théologiens progressistes, resituer ces passages dans une époque ancienne où régnait cette violence dont heureusement nous sommes sortis aujourd’hui, et les relativiser. Ou bien, si on n’en admet pas l’existence, on veut les supprimer du canon. Ce fut l’attitude de Marcion, puis celle des cathares, qui récusaient en bloc tout le Premier Testament, comme ne présentant pas de Dieu une image bien flatteuse. Mais Marcion et les marcionites furent excommuniés, et les cathares exterminés pour hérésie. Il est vrai que récuser en christianisme le texte matrice était impossible, car il s’y rattache quasiment à chaque ligne : au reste, il y a des strates rédactionnelles très violentes dans le texte néotestamentaire même.

 

L’attitude la plus sage, à mon avis, est de dire que ce Dieu violent, colérique et sanguinaire est une projection que les hommes font sur lui. L’homme a fait Dieu à son image. Étant lui-même à l’occasion violent, colérique et sanguinaire, il s’est imaginé Dieu de la même façon. Puis, par un étrange phénomène de rétroaction ou de feed back, il se figure que cet être qu’il a ainsi créé se met à son tour en colère contre lui. Et enfin, par mimétisme vis-à-vis de cet être qu’il croit extérieur à lui il devient lui-même colérique et violent. – Tant il faut dans la vie se méfier des projections, et tant il est absurde d’avoir peur de sa propre ombre !

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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