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6 juillet 2017 4 06 /07 /juillet /2017 01:01

Il semble que ce soit la moindre des choses à exiger de la part d’un intervenant dans une quelconque activité de statut social. Ainsi on attend d’un acteur que sa diction soit bien nette et compréhensible. Ou bien d’un preneur de son au cinéma qu’il fasse que les paroles soient bien audibles des spectateurs. Autrement, le cinéma n’a de « parlant » que le nom.

 

Je viens de voir le dernier film de Jacques Doillon Rodin, et je n’y ai littéralement rien compris. Vincent Lindon est encore plus inaudible que d’habitude : il ne parle pas, il grommelle, et 90% de ce qu’il « dit » est une bouillie verbale informe, au point que ce que veut signifier le film dans son ensemble nous échappe complètement. Sa façon de s’« exprimer » déteint sur sa partenaire jouant Camille Claudel, que l’on ne comprend pas davantage la plupart du temps. On a envie de sortir de la salle au bout de quelques minutes, et de demander des sous-titres !

 

Beaucoup de films modernes tombent dans le même défaut. Parfois c’est dû à la prise de son. Dans Le Mépris de Godard la musique est tellement envahissante que pratiquement rien n’est compris des paroles des acteurs. Mais souvent ce sont ces derniers qui sont responsables. Autrefois, il s’agissait aussi d’acteurs de théâtre, et au théâtre on apprenait l’art de l’élocution. Mais aujourd’hui ce n’est plus nécessairement le cas. On objectera qu’il faut être « naturel », et que dans les circonstances ordinaires de la vie on n’articule pas nettement. Mais c’est une erreur : l’œuvre n’a rien à voir avec la vie, et l’artifice y est nécessaire pour la rendre probante. Qui ne voit que dans le domaine de l’image la caricature même est plus vraie que la photographie ?

 

Au reste, le recours au « naturel », signe du fâcheux laisser-aller moderne, n’est bien souvent que l’alibi de la paresse à apprendre la diction. Il participe aussi d’une grande impolitesse. Quand on s’adresse à un public, il faut un minimum se mettre en frais pour être compris de lui. Quand cet effort n’est pas fait, on n’est pas vraiment professionnel.

 

Professionnalisme
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29 juin 2017 4 29 /06 /juin /2017 01:01

Une version à peine métaphorique vient d’en être donnée par l’entreprise californienne Ambrosia LLC, qui propose à ses clients, pour la somme de 8.000 dollars, une transfusion de sang provenant d’un sujet jeune, qui pourrait ainsi ralentir le vieillissement du receveur. Elle mise sur une discipline scientifique peu connue appelée parabiose, déjà étudiée chez les souris, qui explore la possibilité que le sang jeune transfusé chez une personne âgée puisse inverser les symptômes du vieillissement. Ce plasma vient donc d’adolescents et de jeunes adultes, âgés maximum de 25 ans. Pour les clients, il faut avoir 35 ans minimum, mais le directeur de l’entreprise confirme que la plupart sont proches de la retraite (Source : mashable.france24.com., 02/06/2017).

 

Cela signifie donc vider des adolescents de leur sang au profit des personnes âgées. Deux remarques alors viennent à l’esprit. D’abord cette obsession de l’allongement de la vie, très répandue dans la Silicon Valley, qui sous-tend aussi le mouvement transhumaniste, montre la déraison ou l’hybris de l’homme occidental : la mort en tant que destin inéluctable n’est plus acceptée, et on ne voit pas quelle borne pourrait être mise à cette ambition dont l'horizon est l'immortalité.

 

Ensuite, et c’est sûrement plus grave, on voit avec horreur se développer une société duale, où les riches prospèreront sur la détresse des pauvres, se nourrissant littéralement de leur substance. On connaît le cas de la comtesse Erzsébet Báthory, qui pour garder une éternelle jeunesse se baignait dans le sang de vierges : l’histoire en est racontée dans le film de Julie Delpy, La Comtesse (2009). Mais aussi je pense au film prémonitoire d’Alain Jessua, Traitement de choc (1973), où une clientèle fortunée séjournant dans une clinique de luxe profitait du sang prélevé sur de pauvres ouvriers portugais employés dans cette institution.

 

Ne sourions pas des fictions fantastiques et des visions d’horreur, telles celles concernant les Vampires. Elles peuvent bel et bien se réaliser.

 

D.R.

D.R.

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8 juin 2017 4 08 /06 /juin /2017 01:01

Ce mot bon-enfant n’a rien que de rassurant. Il s’associe heureusement au besoin que nous avons de nous nourrir, qu’il satisfait pour notre plus grand plaisir. On vient cependant de l’associer à un contexte apparemment tout opposé, celui de la mort. En effet, une exposition à l’église Westerkerk d’Amsterdam a attiré plus de 3.500 visiteurs en leur offrant une panoplie insolite de gadgets funéraires. Parmi eux, la présentation de tombes qui font office de potagers. L’organisateur indique qu’elles peuvent permettre « de rendre hommage à un vieux parent amateur de jardinage, ou plus pratiquement de rentabiliser la superficie occupée. Les plantes sont cultivées dans des récipients autonomes au-dessus de la tombe, ce qui évite tout risque de contamination. » (Source : AFP, 25/05/2017)

 

Cette idée de sépultures légumières choquera certains, qui la verront comme attentatoire à la digité des honneurs funèbres. Mais ils oublient que les funérailles sont faites pour les vivants, et non pour les défunts, et que, selon la phrase évangélique, il faut « laisser les morts enterrer les morts ».

 

Au reste, l’homme vient de la terre, et y retourne. Adam, le premier homme, est « tiré du sol ». Chouraqui traduit même : « le Glébeux ». En latin aussi homo est apparenté à humus, auquel, un fois inhumé, il revient : grande leçon d’humilité. Ramassons donc simplement une motte de terre, et nous aurons à la fois humus, homme, et humilité. Pourquoi récuser alors l’idée d’un grand potager cosmique ? La mort est ce qui prend et donne. Mourir n’est rien d’autre que ranimer la nature sous une autre forme. « Le don de vivre a passé dans les fleurs », dit Valéry dans Le Cimetière marin.

 

Maupassant avait dans ses dernières volontés demandé à être enterré sans cercueil, à même la terre au cimetière Montparnasse, pour que sur son corps décomposé pussent naître au plus vite de nouveaux « petits Maupassants » : mais à l’époque la procédure réglementée de l’inhumation s’y opposa. Aujourd’hui, grâce aux tombes potagères, les choses pourront peut-être changer !

 

D.R.

D.R.

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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