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6 juin 2022 1 06 /06 /juin /2022 01:00

Il peut être une bonne chose, dans le cas des actes-réflexes de survie, par exemple, mais aussi il est bien des cas où l’on a intérêt à le modérer par la réflexion.

 

C’est à quoi j’ai pensé en apprenant dans la presse que l’ancien président des États-Unis, après la dernière tuerie qui s’y est produite dans une école, a préconisé d’armer les enseignants. Manifestement il a agi ainsi par pur réflexe : si le « mal » (c’est sa propre expression) nous attaque, c’est à nous de riposter de la même façon. Le fait-il par voie d’armes à feu ? À nous aussi de les utiliser aussi contre lui.

 

Bien sûr on connaît l’attachement des états-uniens pour le deuxième amendement de leur Constitution, qui donne à chaque citoyen la possibilité de posséder une arme pour se défendre. C’est pour eux un élément incontournable de la liberté individuelle. Aussi, de façon plus prosaïque (et cynique), le lobby des armes, dont la très puissante NRA (National Rifle Association of America), finance les campagnes de beaucoup d’hommes politiques, qui se trouvent en position de débiteurs et donc de dépendance face à lui. C’est un trait essentiel du monde capitaliste, inféodé à l’argent que rapporte toute activité. Les problèmes moraux n’y tiennent pas devant l’appât du gain, le business ordinaire.

 

Pourtant il faudrait les poser, et c’est là que devrait intervenir la réflexion face au réflexe immédiat d’auto-défense. D’abord laisser les armes en vente libre contribue à faciliter et donc à multiplier les agressions par leur moyen. Le « mal » dont parle Donald Trump n’est pas ici une notion abstraite. Il a une genèse précise et déterminée, sur laquelle on peut agir pour le diminuer.

 

Ensuite, s’agissant d’un pays majoritairement chrétien, on aurait pu s’attendre au rappel de formulations évangéliques comme : Quiconque sortira l’épée sera puni par l’épée. Ou encore : Et moi je vous dis ne pas résister au méchant. Bien sûr ces paroles sont peut-être littéralement impraticables, mais au moins indiquent-elles une direction de pensée, visant à nous indiquer que s’il faut haïr le mal il faut aimer le méchant. C’est, a minima, un dépassement de l’ancienne loi du talion.

 

Mais Donald Trump n’en a cure. Il veut transformer l’école en lieu de western. Gageons qu’à côté de la Bible il veut voir figurer, comme hélas ! beaucoup de ses concitoyens, le Colt.

 

D.R.

 

***

 

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4 juin 2022 6 04 /06 /juin /2022 01:00

I

l est souvent mis à mal par le réductionnisme scientiste, illustrant la définition du matérialisme : le fait d’expliquer le supérieur par l’inférieur.

 

Ainsi un savant néozélandais vient d’avancer l’hypothèse que Nessie, le monstre du Loch Ness en Écosse, ne serait en fait qu’une anguille géante, une quantité importante d’ADN d’an­guille ayant été retrouvée dans le lac et rendant la supposition « plausible » (Source : nouvelobs.com, 05/09/2019).

 

On ne s’est pas demandé pourquoi tant de gens depuis le vie siècle ap. J-C. ont cru et pour certains croient encore à ce monstre surnaturel, mais simplement quel fait positif est à la source de cette croyance.

 

Voyez aussi celle concernant les feux follets, où l’on a longtemps vu la manifestation d’âmes en peine venues sous forme de petites flammes hanter les cimetières. La science positive explique qu’ils sont simplement dus aux gaz de décomposition qui s’échappaient des cadavres quand ils n’étaient pas ensachés.

 

On peut aller plus loin dans les démystifications. Ainsi le Buisson ardent apparu à Moïse dans la Bible viendrait d’un phénomène optique que chacun a pu constater, l’air donnant en effet l’impression de trembler sur toutes choses quand il fait très chaud.

 

De même, les voix entendues par Jeanne d'Arc seraient des cris de corbeaux dans la plaine environnante, ou simplement des acouphènes.

 

Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Les apparitions de la Vierge à Bernadette viendraient d’un rendez-vous donné à son amant dans la grotte par la pharmacienne de Lourdes, Madame Pailhasson, rendez-vous qui aurait été surpris par la pauvre bergère. Pour ne pas être reconnue, la belle dame aurait rabattu son châle sur la tête, aurait pris une voix caverneuse (appropriée au lieu), et se serait fait passer pour une apparition surnaturelle.

 

On sait que dans son Cours de philosophie positive, Auguste Comte dit que l’humanité passe successivement par trois états : l’état théologique ou fictif, où l’on explique tout par l’intervention des dieux – l’état métaphysique ou abstrait, qui n’est qu’une variante du premier, où l’on explique tout par des abstractions – et enfin l’état positif, où l’on explique tout par des vraies causes ou raisons des choses. Pour Comte, le dernier état invalide définitivement les deux premiers.

 

Je ne lui donne pas raison. Je pense en effet qu’il y a une multipolarité de l’esprit, qui appréhende les choses tantôt de façon rationnelle et scientifique, mais tantôt aussi de façon mythologique ou symbolique.

 

Nous sommes toujours les fils de nos propres fictions. Elles naissent de nous, mais ensuite dirigent nos vies. Les mythes, si on les lit bien, nous disent toujours des choses importantes. Comme disait Breton : « Ces êtres, faut-il les convaincre qu’ils procèdent du mirage ou leur donner l’occasion de se découvrir ? »

 

Article paru dans Golias Hebdo, 26 septembre 2019

 

D.R.

***

 

Cet article est extrait du livre suivant :

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
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DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

***

 

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2 juin 2022 4 02 /06 /juin /2022 01:01

I

l semble que, comme la bêtise, elle n’ait pas de limites, et nous donne véritablement l’idée de l’infini.

 

Ainsi à Vilnius, en Lituanie, vient de se tenir comme tous les ans une course de bébés. Les participants avaient entre 9 et 12 mois, la règle étant que « le bébé ne sache pas encore marcher ».

 

Les « coureurs » devaient donc ramper de la ligne de départ jusqu’à la ligne d’arrivée, où les attendaient des parents et grands-parents qui les stimulaient en agitant des appâts, comme des peluches, des ballons, des pièces de lego ou même (signe des temps !) des télécommandes de télévision ou des téléphones mobiles.

 

La course a été lancée en 1999 afin, comme on nous le précise, de « sensibiliser le public au droit de l’enfant » (Source : Le Parisien/AFP, 01/06/2017).

 

Certains bébés, nous dit-on, ont tout de même décidé de snober la compétition et choisi de s’asseoir sur la ligne de départ. Mais cette sagesse en puissance ne fait pas oublier la stupidité de leurs parents. Ils ont évidemment instrumentalisé leurs rejetons pour satisfaire leur vanité.

 

Cela me fait penser aux concours des Mini-Miss, dont il est question dans le film de 2006 Little Miss Sunshine. L’enfant ainsi utilisé justifie bien la définition qu’en donne Sartre dans Les Mots : « ce monstre que les adultes fabriquent avec leurs regrets ». [v.  Mini-Miss]

 

Une des règles essentielles de la morale humaine, formulée par Kant, est qu’il faut toujours traiter autrui « non comme un moyen, mais toujours comme une fin ». Nous sommes ici exactement à l’opposé. On devrait pourtant savoir que comme disait Gibran « nos enfants ne sont pas nos enfants », c’est-à-dire que s’ils viennent bien de nous, ils ne nous appartiennent pas.

 

Ici le ridicule le dispute à l’odieux. Les concours qui ont comme base la matière humaine ont ailleurs été prohibés, tel le lancer de nains chez nous qui faisait naguère la joie de beaucoup de discothèques. Mais le pire ici, s’agissant des enfants traités ici comme des animaux, c’est l’argument avancé selon lequel il s’agit de « défendre leurs droits » !

 

[V. Stupidité]

 

Article paru dans Golias Hebdo, 6 juillet 2017

 

D.R.

 

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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