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Un ancien article (2016) :
après Le Canard Enchaîné, en son numéro du mercredi 13 juillet 2016, notre Président s’est attaché les services d’un coiffeur à temps plein, qui le suit partout, et qui est payé 10 000 euros bruts par mois.
J’ai alors pensé au perruquier de Louis XIV. Et encore avait-il plus de travail que celui-là, l’arrangement d’une perruque demandant sûrement plus de travail que de coiffer quelques cheveux.
Cette comparaison monarchique n’est pas excessive, car manifestement c’est à tort que nous nous imaginons vivre en démocratie. Notre régime est en fait une monarchie élective, où le Président peut faire tous ses caprices : il a beaucoup plus de pouvoir qu’une tête couronnée, que ces rois ou ces reines qu’encore beaucoup de pays d’Europe ont conservés à titre symbolique, mais qui ne gouvernent pas. Et on voit bien ici que, pour n’être pas couronnée, rien n’est assez beau pour son auguste tête...
En France, avec le régime actuel, la seule élection qui compte vraiment est la présidentielle : une fois élu, le monarque républicain est omnipotent, et peut par exemple ne tenir aucun compte de son impopularité. Serait-elle très grande, qu’il ne démissionnerait pas pour autant. N’est pas le général de Gaulle qui veut.
On me dira que cette histoire du coiffeur présidentiel est négligeable en importance, qu’il n’y a pas là de quoi se faire des cheveux, ou de bizarrement les perdre quand on s’en fait, ou de couper les cheveux en quatre.
Je n’en suis pas sûr. D’abord le retentissement symbolique en est catastrophique, à l’heure où beaucoup de chômeurs n’ont pas même de quoi aller chez le coiffeur.
Ensuite, la signification en est qu’aujourd’hui l’image d’une personne, son look, est bien plus important que ce qu’il peut dire. Le message est simplement la forme dans laquelle il se présente, relayée évidemment par les medias. Mac Luhan l’avait dit : « Le message, c’est le medium ». C’est un formalisme complètement déréalisant et aliénant. Aujourd’hui, on est jugé sur son aspect et sa coiffure, comme ont dû le dire à notre monarque les communicants de service.
Je ne sais si le président redoute la canitie ou l’alopécie. En tout cas et au bout du compte l’essentiel de la politique de notre pays est entre les mains d’un coiffeur !
J’espère tout de même que ce billet fera un peu réfléchir, et ne paraîtra pas tiré par les cheveux. Il n’y a pas de petit sujet, même capillaire.
Article paru dans Golias Hebdo, 28 juillet 2016
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DESCRIPTION
Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).
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