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20 novembre 2024 3 20 /11 /novembre /2024 12:38

Là où nous mettons ou, apprenons à mettre et :

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19 novembre 2024 2 19 /11 /novembre /2024 02:00

I

l y a quelque temps en Allemagne on a proposé aux hommes qui n’étaient pas sûrs s’être les vrais pères de leurs enfants un test de paternité par analyse d’ADN.

 

Ils devaient frotter l’intérieur de leur joue et celui de leurs enfants avec deux coton-tiges différents et envoyer les échantillons dans un labo spécialisé, qui déterminait en quelques secondes, pour 400 euros environ, si les empreintes génétiques se recoupaient.

 

Résultat : les soupçons ont été confirmés dans un cas sur cinq. Cela a déclenché des crises familiales, rupture, rejet des enfants, etc. Un vrai faux papa a même exigé d’un tribunal le remboursement de dix-huit ans de pension alimentaire !

 

Le Bundestag a envisagé alors d’interdire la réalisation de ces tests sans le consentement explicite de la mère. Dans un pays où de très nombreuses femmes, toujours au foyer, dépendent financièrement du père, véritable ou non, de leurs enfants, l’essentiel était de les protéger d’un futur précaire.

 

Ce m’est ici l’occasion de réfléchir sur ce qu’est la vraie paternité : elle n’est pas biologique, mais fonctionnelle. Le vrai père n’est pas celui qui donne la vie, comme on dit, mais celui qui adopte l’enfant, qui décide de s’en occuper. C’est ce qu’on voit dans le très profond mythe de la naissance virginale de Jésus, tel que le raconte le début de l’évangile de Matthieu. Le vrai père de Jésus est Joseph, parce que d’abord il a fait confiance à Marie quand elle lui a dit qu’elle était enceinte (et tout homme est comme lui face à la même situation, n’ayant aucun moyen d’en savoir le fond), et ensuite parce qu’il a gardé Jésus auprès de lui pour l’élever, le faire grandir.

 

Voyez aussi Fanny de Marcel Pagnol. À Marius qui veut récupérer son enfant, César répond qu’il est très facile pour un homme de donner la vie, et même très souvent elle lui est prise, en quel­ques secondes d’inconscience : « Les chiens aussi donnent la vie… » Le vrai père ici est Panisse, qui a épousé Fanny et reconnu l’enfant qu’elle portait en lui donnant son nom. Comme le dit l’adage juridique : Is pater est quem nuptiae demonstrant (Le père est celui que démontre le mariage). Et quand Marius demande impertinemment si le père est « celui qui donne la vie ou celui qui paie des biberons », César répond très profondément : « Le père, c’est celui qui aime. »

 

Je se sais si les scientifiques s’en rendent compte. Les tests génétiques sont une véritable bombe, qui peut faire exploser bien des couples. Le processus peut aussi servir d’arme redoutable, être instrumentalisé par l’une des parties, si elle est malintentionnée, pour détruire l’autre. On risque de perdre cette qualité si précieuse pour les relations entre les sexes : la confiance.

 

Laissons donc la biologie où elle est : elle nous ferait régresser à la barbarie, en passant de l’ordre subtil de la culture à celui, élémentaire, de la nature.

 

Article paru dans Golias Hebdo, 8 avril 2010

 

D.R.

 

***

 

Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.

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17 novembre 2024 7 17 /11 /novembre /2024 02:01

C

omme tous les ans depuis 2006, à l’initiative d’une organisation pacifiste anglo-saxonne, le 21 décembre dernier, jour du solstice d’hiver et donc le plus court de l’année, a été décrété « Journée mondiale de l’orgasme ». Selon les fondateurs de cette association, Global Orgasm for Peace, si nous faisions tous l’amour en même temps, « une vague d’ondes positives envahirait le monde » (source : Francetvinfo, 21/12/2013).

 

Bien sûr, les mauvais plaisants pourraient dire que cela épuiserait les sommiers aussi, et ferait le bonheur des fabricants de literie. Mais je crois qu’une telle initiative présente beaucoup d’inté­rêt. En effet, éprouver un orgasme ne donne pas envie, ensuite, d’aller étriper son voisin. Ne vaut-il pas mieux ressentir en soi la « petite mort », plutôt que de vouloir à tout prix infliger la grande aux autres ?

 

On sait le cas de Lysistrata d’Aristo­phane : pour faire cesser la guerre, les femmes font la « grève de l’amour », se refusent à leurs partenaires, et cela est efficace puisque finalement ils renoncent au combat. Il y a là, 25 siècles avant, une anticipation vraiment prémonitoire du slogan hippy : Peace and Love Make love, not war !

 

Une vieille maxime, reprise dans le film de Buñuel Belle de jour, dit d’ailleurs les dangers de la continence subie de façon constante : Semen retentum venenum est – Retenir sa semence est un poison. Et l’on sait assez combien la frustration sexuelle engendre l’agressivité et la violence. À cet égard les bonobos ont mieux choisi que les chimpanzés [v. Singe].

 

On sait aussi depuis Wilhelm Reich et sa Fonction de l’orgasme que ce dernier est bon pour la santé. Je ne sais si comme il le pensait il peut protéger du cancer, mais en tout cas certains cardiologues en ont souligné les effets bénéfiques pour l’organisme – même si les esprits chagrins pourront relever ici la fin orgasmique du président Félix Faure, mort en épectase entre les bras de Mme Steinheil. La même mésaventure arriva au cardinal Daniélou, qu’on retrouva mort chez une prostituée, au grand embarras de l’Église romaine, qui prétendit qu’il était allé chez elle seulement pour la confesser !

 

Mais enfin l’Église oublie que cette épectase est aussi une notion théologique, epektasis, « tension vers Dieu », attestée dans l’épître aux Philippiens, et à laquelle ce même cardinal a consacré un livre en l’étudiant chez les Pères grecs ! Ne condamnons donc pas cette tension, quels qu’en soient le contenu et les manifestations.

 

Parfois l’extase mystique même est extase charnelle : que penser de la Transverbération de Sainte Thérèse, dans le fameux groupe sculpté du Bernin ? N’est-elle pas profondément ambiguë ? Ne peut-on aller vers Dieu par une commotion de tout son corps ? Le tantrisme le sait de tout temps. Vive donc l’orgasme, et vivement le prochain 21 décembre !

 

> Article paru dans Golias Hebdo, 9 janvier 2014

 

D.R.

***

Cet article est extrait du livre suivant :

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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