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30 août 2021 1 30 /08 /août /2021 01:01

Les terroristes islamistes kamikazes, dont celui qui vient de se faire exploser à Kaboul, se considèrent comme des martyrs, témoignant de leur foi jusqu’au don de leur vie, qui leur permettra d’accéder au Paradis d’Allah. Que faut-il donc penser de ce mot dans un contexte religieux ?

 

Il est vrai que la valorisation du sacrifice peut s’autoriser, chez nous par exemple, de certains textes. Ainsi : « Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance. Celui qui aime sa vie la perd, et celui qui cesse de s’y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » (Jean 12/24-25) On peut voir effectivement dans cette phrase un éloge du don complet de soi, jusque dans l’acceptation de la mort physique même. Cette lecture serait littérale.

 

Pourtant on lit par ailleurs dans la même Bible : « C’est la miséricorde que je veux, non le sacrifice. » (Osée 6/6 – repris en Matthieu 9/13 et 12/7) Cela devrait nous inciter à voir dans le texte précédent, sous peine d’incohérence, une autre signification que la littérale.

 

Le livre autobiographique de Gide qui porte comme titre Si le grain ne meurt raconte le passage d’une enfance corsetée d’interdictions puritaines, à une adolescence libérée et ouverte au désir. Manifestement l’interprétation qu’il a faite de l’expression johannique est symbolique : disons, pour lui, le passage de la chenille au papillon.

 

Je pense que dans ce type de textes il est dit qu’il faut mourir au petit moi enfermé sur lui-même et égocentrique (le « tout à l’ego » !), pour naître enfin à ce que Jung appelait le Soi, à une vision plus large ou synoptique des choses. C’est d’une métamorphose spirituelle qu’il s’agit : ce que le texte évangélique appelle la « metanoïa », le changement d’état d’esprit : le passage en quelque sorte de l’île à l’océan, ou du nageur à la vague qui le porte.

 

Goethe pensait peut-être à cela avec son : « Meurs et deviens ! », formule centrale en franc-maçonnerie, où elle balise l’initiation. Dans le monde musulman, beaucoup de théologiens sérieux voient de même dans le Djihad un combat à l’intérieur de soi, et non contre les infidèles.

 

Il faut y regarder à deux fois avant de prendre littéralement un texte religieux, se demander s’il n’offre pas une autre possibilité de lecture. Se souvenir toujours de la phrase de l’Apôtre : « La lettre tue, mais l’esprit vivifie. » (2 Corinthiens 3/6) L’humanité y gagnera.

 

D.R.

 

 

***

 

Ce texte paraîtra d'abord dans le journal Golias Hebdo, puis sera publié en volume. D'autres textes comparables figurent dans l'ouvrage suivant, premier tome d'une collection, dont on peut feuilleter le début (Lire un extrait), et qu'on peut acheter sur le site de l'éditeur (Vers la librairie BoD). Le livre est aussi disponible sur commande en librairie, ou sur les sites de vente en ligne.

Petite philosophie de l'actualité
Théron, Michel
15,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Souvent inspirés par l'actualité, ce qui les rend plus vivants, ils ont cependant un contenu intemporel, et se prêtent toujours à une réflexion philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

Pour voir l'ensemble des volumes parus dans cette collection, cliquer ici.

 

 

 

***

 

Pour voir la liste de tous mes livres édités chez BoD, cliquer : ici.

 

***

 

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28 août 2021 6 28 /08 /août /2021 01:01

C’

est dit le dictionnaire un « courant de pensée du mouvement écologiste, qui se consacre à la protection et à la restauration de l’environnement, ainsi qu’à la préservation des espèces vivantes ».

 

Eh bien, je serais tenté de voir dans ce mot un sens péjoratif, car dans cette lutte on peut parfois aller très loin.

 

Ainsi deux juristes néerlandais viennent de publier une étude dans le Journal of Environmental Law concernant les chats, par rapport à la lé­gislation de l’Union européenne sur la protection de la nature. Il en ressort que pour respecter le droit européen les propriétaires de chats ne devraient pas laisser leur animal sortir de chez eux et se promener en liberté, car les chats sont responsables de massacres de maintes espèces vivantes, dont au premier chef les oiseaux. Ils seraient responsables dans la seule France de la mort de 75 millions de ces derniers. Et les chats évidemment ne distinguent pas parmi eux les espèces protégées et celles qui ne le sont pas (Source : Lavoixdunord.fr, 27/11/2019).

 

Confinons donc les chats à l’intérieur des maisons, et les oiseaux seront bien gardés. Empoisonnons rats et souris par des produits chimiques, même s’ils sont toxiques pour nous. Oublions que par nature, cette nature même que les écologistes défendent, les chats sont des félins prédateurs, des « tigres de salon » comme les appelait Victor Hugo. Oublions même, en généralisant, que la nature est un massacre permanent, comme dit le même poète :

 

« Le monde est un massacre où le meurtre fourmille,
Et la création se dévore en famille. »

 

Soyons angéliques, et rêvons comme le dit le prophète que le loup dormira avec l’agneau (Isaïe 11/6) – même si ce jour-là l’agneau ne dormira pas beaucoup... Au fond, pourquoi préserver la nature, si l’on peut en changer les lois !

 

Oublions de même que les oiseaux mangent des insectes, en voie de disparition aussi, et qui peuvent avoir leurs propres défenseurs. Que le mieux est l’ennemi du bien, et que comme dit le proverbe latin la pire corruption est celle du meilleur (corruptio optimi pessima). Qu’à vouloir améliorer toutes choses on risque de les empirer, qu’il y a un effet pervers possible dans toute nouvelle mesure, et que le principe de précaution peut devenir principe d’inaction.

 

Quant à moi, j’oublierai le ridicule de ces graves juristes, et me contenterai de relever quotidiennement dans mon jardin les plumes témoignant du massacre effectué par tous les chats de mon quartier.

 

[v. Relativité]

 

5 décembre 2019

 

D.R.

***

Ce texte est extrait de mon dernier recueil d'articles Petite philosophie de l'Insolite. L'ouvrage est disponible en deux formats, papier et livre électronique (E-Book). On peut en feuilleter le début en cliquant ci-dessous sur : Lire un extrait. On peut le commander sur le site de l'éditeur en cliquant sur : Vers la librairie BoD. Il est aussi disponible sur commande en librairie et sur les sites de vente en ligne.

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

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26 août 2021 4 26 /08 /août /2021 01:01

J’

ai lu sur le site internet Christnews, qui cite Wikileaks comme source, qu’un archiviste du Vatican aurait affirmé : « Dieu n’existe pas, même le Pape n’y croit pas. »

 

Il existerait des documents transmis exclusivement de Pape en Pape depuis le milieu du 12ème siècle. Publiés partiellement via des photos prises depuis un téléphone portable, ils témoigneraient d’un doute manifeste dans la foi. Néanmoins, ils indiqueraient tout de même l’impor­tance pour la Curie de garder une unité et un pouvoir afin de servir le monde de manière positive.

 

Je ne sais si ce site est bien fiable. Néanmoins, ce qu’il dit ne m’étonne pas du tout. Que des pasteurs ne croient pas pour eux-mêmes à ce qu’ils enseignent à leur troupeau, et le dissimulent pour ne pas le décourager est tout à fait possible.

 

Souvenons-nous de ce que dit le Grand Inquisiteur dans Les Frères Karamazov de Dostoïevski : les grands dignitaires de l’Église peuvent bien être athées en leur for intérieur, mais l’essentiel est qu’ils délivrent leurs ouailles, par l’autorité du magistère, du doute auquel pourrait les mener leur liberté de penser, ainsi que du danger de l’indécision.

 

C’est pour cela d’ailleurs que Jésus revenu sur terre devrait être à nouveau mis à mort, car il a arraché les hommes à une soumission heureuse, pour les éveiller à l’an­goisse de la liberté personnelle, et à la responsabilité pour chacun de gérer lui-même sa vie. Dostoïevski prend bien soin de noter, par la bouche d’Aliocha, que c’est l’Église romaine qui est ici en question.

 

Psychologiquement, cette position s’explique. Combien de fois donne-t-on à l’entourage ce que l’on n’a pas soi-même, paix, bonheur, équilibre par exemple ! Les soignants peuvent bien nous le dire. S’ils rassurent les autres, cela ne veut pas dire qu’ils sont toujours eux-mêmes rassurés. Pourquoi en serait-il autrement s’agissant des guides religieux ? Les doutes doivent se taire devant les nécessités de la pastorale. Le but qu’on recherche l’em­porte sur les états d’âme personnels.

 

... Mais cette duplicité parfois nécessaire peut devenir cynisme. Je pense à la parole attribuée au pape Léon X, à l’adresse du cardinal Bembo, rapportée dans le Traité des trois imposteurs (§ xv) : « Combien cette fable au sujet du Christ nous a été profitable, voilà qui est assez connu depuis toujours – Quantum nobis nostrisque ea de Christo fabula profuerit, satis est omnibus sae­culis notum. »

 

Quand elle sert l’intérêt personnel et le goût du pouvoir, la duplicité ne s’excuse pas.

 

24 septembre 2015

 

D.R.

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Ce texte est extrait de mon dernier recueil d'articles Petite philosophie de l'Insolite. L'ouvrage est disponible en deux formats, papier et livre électronique (E-Book). On peut en feuilleter le début en cliquant ci-dessous sur : Lire un extrait. On peut le commander sur le site de l'éditeur en cliquant sur : Vers la librairie BoD. Il est aussi disponible sur commande en librairie et sur les sites de vente en ligne.

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Théron, Michel
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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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